—— LA FOIRE AUX IMAGES par Roger Dufrene’ Dans la salle animée ou, aprés un souper espagnol, nos amis du Groupe Fran- cophone se trémoussaient aux accents d’un orchestre portugais, je réfléchissais, seul A une table. Je pen- sais aux activités révolues de ce groupe fondé voila quelques années, pique -ni- ques dans les parcs, camps aux bords des lacs, fétes enfantines, réveillons. J’en vins ainsi A me remémo- rer une sortie du début de la saison derniére. Et mes ‘amis qui tournaient aux lueurs des lampes, et qui au passage me lancaient des ‘“*Qu’est-ce que tu attends pour danser ’’, ne se dou- taient nullement que je tour- nais ailleurs, en réve, aux lueurs du soleil... Un dimanche du mois de juin, je m’étais rendu de bonne heure A un point de rencontre, du cdté de l’Ex- position. Les montagnes russes abandonnées sem- blaient un gigantesque mé- cano. Les copains daient déja, fringants et de bonne humeur, le signal du départ. Il s’agissait cette fois d’un rallye automobile. Départ chronométré selon les régles. Nous avons suivi les instructions. I] fallait ouvrir l’oeil : Tournez au troisiéme feu vert vers la droite, retournez au deu- xiéme vers la gauche ; quel nom lisez-vous sur la pre- miére bofte aux lettres Combien'd’habitants compte Burnaby Pour ma part, je n’en comptai que deux au passage, mais passons. Bien vite je m’égarais. Pour me atten-— justifier, je me dis que la course m’intéressait moins en elle-méme que le but de l’aventure. L’ironie du sort a en effet rassemblé ici des francophones venus des quatre portions de l’univers, et qui, phénoméne remar- quable, aiment se rencon- trer loin du pays natal com- me des compatriotes. Le soleil, clignant de l’oeil au ras des montagnes, sem- blait se moquer de nos va- et-vient de fourmis désem- parées. Les localités tra- versées nous jetaient au vi- sage leurs boutiques aux fa- ¢ades basses, pleines d’ins- criptions. Les ponts, autres mécanos, surplombaient des nappes d’eau ot flottaient des troncs d’arbres. Arrivée au Lacde1’Alouet- te. Trophées et cadeaux, dis- cours humoristiques et jeux organisés. L’aprés-midi, mon copain a poussé son canot gris, une sorte d’énor- me plat A savon flanqué d’ une paire de bonbonnes, quelque chose d’extréme- ment stable, sur l’onde cal- me du lac. Toujours prudent, j'ai décliné son invitation et me suis contenté de l’ac- compagner en r€éve... Pas de vent. Un lac 4 peine ridé. A deux longueurs d?’ aviron d’une petite fle,no- tre esquif s’est arrété. Mon compagnon me parlait de ses séjours en France et je voyais se profiler dans 1’eau les clochers des villages, les fermes blanches, et les vaches rousses mAachonnant - des fleurs... - Voulez-vous du café, Mon- sieur . Je me suis frotté les yeux. Je n’avais pas quitté notre table de pique-nique. -La- bas, sur la rive, mon co- ‘pain se débattait avec son bateau. Angelo et sa femme native de Valenciennes me regardaient en riant. ‘‘C’est du café de chez nous, me dit sa femme’’. Et je revoyais les clochers et les beffrois du nord de la France. J’ima- ginais, je ne sais pourquoi, Valenciennes au Moyen Age, avec de jeunes dentelliéres sur le seuil des portes. La femme d’Angelo me remplit ma tasse de café. L’arome du breuvage fit lever en moi d’autres souvenirs. Je re- voyais les ménagéres 4 ta- blier bleu des pays d’Artois et de Picardie. Je les re- voyais dans leur cour les soirs d’été, versant les grai- nes vertes du café dans des tambours noirs 4 manivelle. La torréfaction accomplie, on étalait le café sur de grandes feuilles de papier brun ot il refroidissait. Ce travail parfumait les mai- sons ; et, ce qui est mieux encore, il annongait l’ap- proche des fétes : ducas-} ses rabelaisiennes, avalan- ches de tartes et de galet- tes, cognac et café noir... - Viens danser et arréte de réver ! Je me suis frotté les yeux. Des serpentins me recou- vraient le visage. Je m’en suis débarrassé ; puis j’ai suivi ma partenaire, dans la farandole qui déroulait par} la salle, aux sons d’un or- chestre de Portugais endia- blés, le serpentin aux cou- leurs changeantes et aux pieds agiles de-notre groupe. OWEN FORAN DE RETOUR AU CITY STAGE : rows of Frederick’’ et ‘‘ XII, LE SOLEIL, 20 OCTOBRE 1 Owen Foran -qui compte parmi les acteurs les plus marquants de Vancouver- est de retour du Festival Shaw ; il va tenir le rdle principal du prochain déjeu- ner-spectacle du City Sta- ge, ‘‘Charlie’’? de Slawomir Mrozek, qui débutera le mardi 17 octobre. : **Je suis vraiment heureux d’étre de retour au City Sta- ge’’ a déclaré Owen qui avant le Festival a .contribué au succés de nombreux specta- cles duthéatre ‘‘ surtout pour travailler dans ces con- | ditions. Le City Stage s’est fait une place et une ré- putation dans le milieu du spectacle telle qu’il ne peut étre que trés intéressant d’y travailler pour les ac- teurs de Vancouver.’’ Owen joue le rdle d’un op- ticien harassé confronté & l’étrange duo que forment un grand-pére 4 la gachet- te chatouilleuse et son pe- tit-fils, un jeune homme si- — nistre. Le grand-pére est presque aveugle et il vient se faire soigner par Owen pour pouvoir tuer le mys- térieux Charlie. Cette pié- ce pleine de rebondisse- ments sera mise en scéne par George Plawski, lui aus- si de retour au City Stage aprés un été passé 4 com- battre les incendies de fo- rét. Robert Graham qui, pen- dant la derniére saison,a joué dans trois piéces mon- tees par la Compagnie du Playhouse. Theatre (‘‘The Chimmy Circle’’, ‘‘The Sor- Treasure Island’’) a aussi participé 4 la production de l’Arts Club : ‘‘Adaptation’’. Cet été il a travaillé avec le New Play Centre tenant le role principal de ‘‘The: Helper’’. Robert a travail- 1é 4 de nombreuses occa- sions avec Owen , on peut donc s’attendre 4 un spec- tacle trés drdle. Dans la distribution de ‘‘ Charlie’? il faut encore re- lever le nom de Wayne Rob- son que l’on a vurécemment au Vancouver Repertory Theatre dans ‘‘The Ameri- can Dream’ et ‘‘I’m real- ly here’’. : Des représentations auront lieu du 17 au 28 octobre en semaine a 12h 15 et th 15, le samedi 4 12h 30 et lh 30. George Plawski mettra éga- lement en scéne le prochain spectacle du City Stage : ‘‘Wilfred Blubber’s Last Fling’? de John Grillo qui sera présenté du 31 octobre au ll novembre.