6— Le Soleil de Colombie, vendredi 24 février 1984 Société Historique Franco-Colombienne 9, Broadway Est, Vancouver, C.B. VST 1V4 Tél. 879-3911 Par Lise BREAULT, membre de la SHFC A Yloccasion du mois du patrimoine, nous désirons rendre hommage a tous nos artisans francophones. Les Forts de la Com ie de la Baie d’Hudson L'influence canadienne- francaise en architecture se manifeste aussi bien dans les missions établies par les pre- miers missionnaires catholi- ques francais que dans les forts construits par la Compagnie de la _ Baie d’Hudson (CBH). ... de l'Europe au Canada... La méthode de construc- tion «piéce par piéce», adop- tée par la CBH n'est pas une réplique, mais bien une adap- tation canadienne d’un procé- dé de construction connu a travers tout le nord de YEurope. Vers le 15éme siécle, d’aprés Carolyn Smyly, dans un article paru dans le Western Living (1), la France et l’Angleterre reconnaissent avoir détruit une grande partie de leurs foréts, et le bois devient ainsi, un matériau de construction dispendieux. Bien que la charpente des maisons demeure toujours construite avec des rcndins de bois, le paysan est amené a chercher un matériau de cons- truction moins onéreux pour remplir les espaces entre les rondins, tel que la.glaise. Lorsque les pionniers du Nord de la France viennent s'installer en Nouvelle-France, ils aménent avec eux leurs méthodes de construction. Méthode «piéce-par-piéce» Les pionniers se servent d'une charpente de bois rec- tangulaire comme fondation et placent des pierres 4 chaque coin et aux joints afin denpécher le sol humide d'affaiblir la fondation. Des madriers sont placés a angle droit avec’ la charpente du plancher; puis une rainure est creusée de chaque coté de ces madriers. Des rondins de bois, terminés de chaque cété par des tenons, sont placés horizontalement de chaque cété des madriers. Ces ron- dins_ sinsérent dans __ les mortaises des madriers for- mant ainsi un joint solide. cae Ps Rondin _ ry 4 , Madrier | . acs Madrier'\~ . .~ - charpente - ~- - - Syst@me «piéce-par-piece «Signes flagrants du patrimoine canadien On a alors quatre murs d’égale hauteur, tenus ensem- ble par la charpente de base. Ensuite, les quatre sections du toit, s’élévent de chaque mur jusqu’au pignon de la toiture, ce qui forme un toit de style «chateau». Ce toit, quelque- fois arrondi dans le bas, comme la base d’un clocher, est un trait caractéristique de l’architecture canadienne- francaise. Vers l'Ouest Quand la CBH com- mence a développer ses opéra- tions vers l’ouest canadien, ses employés d’origine canadienne-frangaise sont chargés de la construction des forts, afin de protéger les postes de traites de la Cie contre les incursions des Indigénes et des Américains. Ces postes de traites sont les premiéres structures en bois rond dans I’ouest. La métho- de «piéce par piéce», prendra plus tard, le nom de «méthode Hudson». Avantage de la méthode «piéce-par-piéce» Ce mode de construction présente certains avantages : puisque tous les rondins des murs servant a l’édification de la batisse, sont d’égale lon- gueur, (8 a 11 pieds), ils peuvent conséquemment étre «préfabriqués» puis amenés sur le lieu de construction; ils permettent en plus, une varia- tion dans les dimensions des batiments. Un autre élément avantageux, est la proximité d’abondantes foréts qui four- nissent, a portée de la main, le bois utilisé pour la fabrication des murs, toutefois, on emploi de la mousse pour remplir les espaces entre les rondins. Bien que la plupart des forts de la CBH ont été détruits par le feu, ou abandonnés, il en existe encore quelques uns en Colombie britannique, comme 4 Nanaimo (le Bastion), Fort Langley, Fort Saint-James, Fort McLoed et Fort Victoria. : Fort St James Fort St James est établi par Simon Fraser en 1806, a la suite de l’expansion de la Compagnie du Nord-Ouest des Rocheuses. Quand la Cie du Nord-Ouest et la CBH samalgament en 1821, la nouvelle Cie de la Baie d’Hudson fait de Fort St James le pivot de son territoire de traite des fourrures en Nouvelle-Calédonie. Fort St- James joue un role important dans le développement écono- mique et politique de l’ouest canadien (2). Exemple de méthode «piéce-par-piéce» Edifice rénové du Fort St James. Le Bastion de Nanaimo Le Bastion de Nanaimo est construit en 1853, par deux Candiens-frangais, Léon Labine et Jean-Baptiste Fortier, pour le compte de la CBH. Ii est le troisiéme fort érigé par la Compagnie sur I’lle de Vancouver, servant tout a la fois, de centre administratif, de poste de traite et de fort pour protéger la mine de charbon de la CBH. (3) ~Y ff." bree tn, 38 hots ; ¥ : gees iW) ‘ i gosto * iB ge visites au Fort. antiques. (3) Bastion de Nanaimo L’édifice de trois étages est construit de bots équarri a la main, guardent le fort, mats leur usage se limite a saluer le gouverneur de l'Ile au cours de ses Le fort Nanaimo est abandonné en 1860 et reste vacant jusqu’en 1891, lorsqu’il est déménagé de son lieu d'origine pour servir de prison. 1910, il est transformé en musée de pieces deux canons Deputs, way © Eglise de la Colombie britannique Nous devons aux mission- naires francophones, |’édifica- tion de nombreuses églises en C.b. Un recensement annuel du Département des Affaires Indiennes de 1900, indique que sur un total de 24 690 Indigénes dans la province, 19 504 s’‘identifient chrétiens. L’église catholique posséde le plus grand nombre d’adhé- rents avec 11 876. alors que les anglicans et les méthodistes viennent en deuxiéme et troi- siéme rags avec, respective- ment, 4 210 et 3 068 fideles. (4) Ces faits nous suggé- rent l'influence des consmu- nautés_ religieuses framco- phones quant aux structures architecturales des premiéres églises en Colormbie britannique. Historique Dés 1849, des prétres catho- liquesoeuvrent sur I'Ile de Vancouver, a la suite re blissement de la premiere colonie britannique. Puis, en 1858, les fréres BERMOND et d'HERBOMEZ fondent la premiére mission permanente des Oblats de .Marie- Immaculée (OMI) a Esquimalt; au cours dé la méme année, les Soeurs de Sainte-Anne ouvrent leur pre- mier couvent a Victoria. La premiére colonie de l'intérieur de la province €st établie en 1859, dans V'Okanagan, par le Peére Charles Pandosy. D’avtres missions sont ensuite érigé€s a Kamloops, Williams Lake, etc. . . Mais, c’est dans la ‘basse vallée du Fraser que l'influence de l’Eglise catPoli-. que est la plus forte. (6) Fn 4861; sle - -Pére Léon Fouquet inaugure la mission Sainte-Marie prés du site de la ville de Mission : Cette mission devient un important centre d’évangilisa- tion auprés des Indiens Salish. Les villages chrétiens Les Oblats développent un systéme de village, leur per- mettant de contréler prati- quement tous les aspects de la vie de leurs paroissiens. Le succés de ces villages peut €tre mesuré par le fait, gqw’en 1871, les missionnaires de Sechelt sacrement de confirmatign 4 tous les Indigénes du village. Nous étudierons plus longue- ment ces «villages-modéles» dans le chapitre suivant, En 1880, le Pére Gapriel Morice est envoyé a Wij]jams Lake. En 1885, il se repd 4 Fort St James ow pendant 20 ans, il y joue un réle de premier plan comme mission- naire du nord de la proyjnce. En plus d’étre respecté pour son travail de missfon- naire, il est renommé pouF S¢s écrits divers sur le dévelopPpe- ment de |'Eglise Catholique Romaine, Vhistoire du pord de la province et la cultur€ ¢t langue des Indiens Carrier- () administrent lem