a Nt ttt a tt ttt ses a tt et a AN A-2 $n enrme DECEMBRE 1994 Bulletin economique Le rachat de la dette: un réve impossible Par Davo E. Bonp SSA Conscients des problémes qu'engendre importance de la dette nationale, certains suggérent une solution relativement simple : «Pourquoi la Banque du Canada ne rachéterait-elle pas tous les titres d’emprunt du gouver-nement?» Le gouvernement fédéral étant propriétaire de la banque centrale, il n’aurait pas a lui verser d’intéréts, le déficit serait éliminé et toute la question de la dette et du déficit serait finalement réglée. Une solution alléchante 4 premiére vue. Elle provoquerait cependant I'arrét de toute activité économique au pays. Analysons les effets possibles d'une telle mesure sur l’actif de la Banque du Canada. Celui-ci, dont la valeur s’éléve a environ 27,6 milliards de dollars en ce moment, _ serait éventuellement multiplié par 14, pour atteindre prés de 408 milliards de dollars, c’est-a-dire le montant approximatif de la dette que cette institution devrait racheter. Cette opération ne souléverait pas vraiment de difficultés puisque la Banque du Canada peut imprimer de l’argent et que les chéques qu’elle tire sur elle-méme ont valeur de monnaie. Une telle opération aurait pour effet de remplacer tous les titres du gouvernement détenus par des investisseurs et des épargnants (ce qui représente environ 241 milliards de dollars) par des masses d’argent liquide, ou des dépéts a la Banque du Canada, ne rapportant pas d’intéréts. Les banques, les sociétés de fiducie, les compagnies d’assurance et les caisses populaires subiraient alors un manque a gagner imprévu, au méme titre d’ailleurs que les détenteurs d’ obligations d’épargne du Canada. Afin de faire fructifier leur argent, les établissements financiers chercheraient d’autres véhicules de placement et se tourneraient probablement vers les obligations. émises par des provinces ou des _ sociétés commerciales ou encore décideraient d’augmenter leur portefeuille de préts. En pratique, cela signifierait que les établissements financiers auraient a composer avec des titres plus difficiles 4 échanger et comportant plus de risques. Par ailleurs, le fait d’accorder davantage de crédit entrainerait une baisse des taux d’intérét (ne faudrait-il pas, en effet, abaisserle coiit des emprunts afin de les rendre plus attrayants?) et un accroissement des pertes sur préts. Les détenteurs de titres bancaires (dont les plus importants sont les fonds de pension) devraient alors s’attendre 4 un déclin du rendement de ces titres, a plus ou moins long terme. Une augmentation des prix inévitable D’un autre cété, une hausse considérable des fonds disponibles pour fins d°emprunt entrainerait, selon toute probabilité, une demande plus grande tant pour des immobilisations de production que pour des biens de consommation, des automobiles aux souffleurs a neige en passant par des voyages dans le Sud et des ordinateurs personnels. Or, onsait pertinemment que la capacité d’une économie d’augmenter sa production de biens et services a court terme est limitée. Cela n’empécherait pas les entreprises et les consommateurs de se disputer les biens disponibles sur les marchés. Dans un tel marché de vendeur, il faudrait s’attendre a une augmentation des prix, la compétition s’intensifiant pour s’approprier des ressources devenues rares. En outre, le gouvernement, n’éprouvant plus de difficultés a financer son déficit, ne serait pas enclin a réduire sa propre demande pour des biens et des services. Tout bien considéré, ce mouvement des prix a la hausse pourrait perdurer. En effet, a l’heure actuelle, les banques a charte détiennent environ 1,4% de leurs éléments d’actif canadiens, ce qui représente 5,6 milliards de dollars, sous la forme d’espéces ou de dépéts ala Banque du Canada. Sicette derniére devait racheter la dette, la part de 1’ actif des banques immobilisée dans des placements non productifs, c’est- a-direne rapportant pas d’intéréts, atteindrait alors 7,6%, soit 30,7 milliards de dollars. Supposons maintenant que les banques désirent ramener a 1,4% la part de l’actif qu’elles ont confiée a la Banque du Canada sous la forme de liquidités et de dépéts. Or, les banques n’ ont pas vraiment d’autres choix que de laisser ces fonds 4 la banque centrale. C’est donc dire que pour ramener a 1,4% la part de ces fonds, soit 30,7 milliards de dollars, elles devraient faire passer leur actif total de 404 milliards de dollars a 2,2 trillions! Les autres établissements financiers adopteraient, selon toute vraisemblance, la méme ligne de conduite. Une seule conclusion s’impose : cet accroissement considérable du. crédit provoquerait une inflation sans précédent au Canada. L'exemple de l'Allemagne des années 20 Il n’est pas exclu dans un tel scénario que les prix puissent augmenter au rythme de 1000% par mois, ou méme par jour. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé en Allemagne, dans les années 1920, en Chine, aprés la Deuxiéme Guerre mondiale, et plus récemment, en Israél, en Argentine et au Brésil. Les économistes donnent le nom d’hyperinflation a ce mouvement de hausse de prix dont |’ effet est dévastateur au plan économique. Ainsi, dans une telle situation, il peut étre possible de rembourser son prét hypothécaire en versant le prix d’un diner, mais, en contrepartie, le montant de la pension recue par un retraité ne lui pemnettra, au mieux, que de payer son journal. Ainsi tous ceux qui détiennent des titres a taux fixe comme les obligations, les billets a _ ordre, les dépéts bancaires ou des espéces souffriront des effets de inflation alors que ceux qui ont des dettes y gagneront. Dans les faits, cela signifie que tous les épargnants voientla valeur de leurs économies fondre comme neige au soleil. Les gens cessent d’utiliser la monnaie puisque le fait de garder des espéces, ne serait-ce qu'une heure ou deux, en réduit considérablement le Suite page 3 ANNONCER dANS LE PROGRES, c/esT payant ! Sy eee = EDITORIAL Pour éviter la percée américaine La meilleure fagon de ne pas succomber al’invasion audiovisuelle américaine est, finalement, de regarder des programmes de télévision canadiens. Il n’y en a pas assez, direz-vous, qu’a cela ne tienne il n’y a cas en créer. Trois sociétés canadiennes, Nelvana Ltd de Toronto, Cinar films Inc Montréal et le Family Channel se sont mis d’accord pour monter un canal de dessins animés non- violents, bilingues et a1’ échelle nationale. De plus cette nouvelle chaine de télévision mettrait de l’avant le talents des animateurs canadiens. | Une candidature est sur le point d’étre présentée au CRTC. Disponible pour les abonnés du cable seulement, cette nouvelle chaine tirerait ses revenus de la publicité et des souscriptions des usagers du cable. Ce canal viendrait 4 temps pour €éviter qu’un jour, le Cartoon Network du géant -américain Turner Broadcasting ne face son entrée au Canada. Celui-ci est regardé par prés 12 millions de foyers au Etas-Unis. Si le CRTC n’accordait pas de permis a ce nouveau programme de dessins animés canadiens, il est plus que probable que le fameux Cartoon Network face un jour sa percée au Canada. Pierre Longnus / S } | eee RY a Ran ae w Editeur Jacques Baillaut Rédacteur en chef ........c.ssee00- reste Pierre Longnus Administration et gestion ............ Sandrine Lejeune Infographisme ..........sscrsccscoresenesreeee Suzanne Bélanger Ouverture dujournal : 9h a 17h, du lundi au vendredi Toute correspondance doit étre adressée au Soleil. 1645, 5meavenue Ouest, ~ Vancouver, C.-B. V6} IN5 Tél. : (604) 730-8575 Fax : (604) 730-9576 Impression : Horizon Publications Fondé en 1994 par Jacoues Baillaut ee eve