Sg ae ar eae Penne Se AMANTES ET AMAZONES ‘par Roger Dufrene’ Depuis le temps doré od je jouais avec la petite Marie- Thérése ma voisine, en pas- sant par l’époque ot le long des avenues jonchées des feuilles de novembre, le col- légien timide que j’étais ba- fouillait devant les moqueu- ses €étudiantes, jusqu’au- jourd’hui ot le mystére me demeure presque entier, je me suis toujours intéressé a la gent feminine. Que se passe-t-il dans la téte brune ou blonde des jolies fem- férent-elles tant des ndtres. En termes plus nets, les ames ont-elles_| un sexe comme les corps‘ C’est pour éclaircir cette énigme que de temps en temps je lis des ouvrages écrits par des femmes ou sur des femmes. Pour ce qui est des livres consacrés par les hommes4 leurs compagnes, j’en aire- tiré une certaine connais- sance du coeur humain en général, mais pas grand- chose sur celui des fem- mes en particulier. Les au- teurs qui écrivent des fem- mes se révélent tantot égois- tes, tantOt généreux, traits des caractéres. propres aux deux sexes. Egoistes, les moines du haut Moyen Age qui décrétaient la femme créature du démon et 4 te- nir en laisse et coiffée d’ oeilléres. Egolste, Jean de Méhun, qui, dans son Roman de la Rose, composé autrei- ziéme siécle, dépeint les femmes folles créatures, Tétes de linotte et corps lubriques. Egoliste, Jean de La Fontaine, qui abandonne sa jeune femme ; et insulte a toutes les femmes par l’image qu’il en donne dans ses contes d’alcOve. Et ma- lotrus les académiciens du mes ? Leurs pensées dif-. | dix-neuviéme siécle qui ne concédent l’intelligence aux femmes de lettres que pour les taxer d’insupportables. Généreux, et plus rares, ceux qui ont exalté et chanté la gracieusesouveraineté des femmes ; les chevaliers courtois de Provence, quise mettaient aux pieds de leurs dames et portaient- aux tour- nois leurs couleurs, les hauts seigneurs qui consen- tirent & se ranger sous 1’étendard de Jeanne d’Arc. - Généreux, les écrivains, qui, dans les salons des dix- septiéme et dix-huitiéme siécles, laissaient les jo- lies marquises diriger les fins propos. Louons encore les romanciers. de notre temps qui ont dépeint avec tact des héroines non seule- ment douées d’un beau visage et d’un corps attrayant, mais d’une Ame d’élite. Pour n’en citer que trois, Henri de Régnier, Alain Fournier, Saint-Exupéry, ont animé, dans le Mariage de Minuit, le Grand Meaulnes, et Vol de Nuit, des jeunes filles, des jeunes femmes, des épouses, irréprochables et charman- tes. Tout cela est fort bien ; mais ne nous en apprend pas assez sur l’4me secréte des femmes. Pour les découvrir, poursuivons-les dans leurs ouvrages. La plus ancienne' de nos femmes de lettres, Marie de France, qui vivait au douziéme siécle 4 la cour de Henri II Plantagenet, nous - donne dans ses lais quelques apercus sur les relations des hommes et femmes entre eux au Moyen Age, mais rien qui pénétre au coeur du sujet. Christine de Pisan, fille de’ l’astrologue de Charles V, veuve fidéle, représente la femme vertueuse ; et Louise | Labé la femme libertine ; la Belle Cordiére se déguisait en chevalier, participait aux tournois, et exigeait de ses amants qu’ils fussent beaux de corps et d’esprit. Elle 1lé- ve, 4a la suite de Christine de Pisan, et d’autre fagon, ' €n sa résidence de l’Abbaye- ~siécle, la femme se libére ; et de mére. la banniére des femmes émancipées. Plus prés de nous, que nous apprend Ma- dame Récamier? Etendue sur une chaise longue, 4 portée de ses livres et de saharpe, au-Bois, elle offre un visage d’ange et un corps de fée. Elle savait enjdler les hom- mes sans rien leur donner que pour les yeux et lef coeur : modéle de séduc- trice d’une souveraine adresse |! Oui ! dira-t-on. Mais les femmes modernes n’en en- seignent-elles pas davan- tage? Si ! Car, depuis un et par-la se découvre unpeu plus. par allusions voilées. Les symboles ne manquent pas d’audace, de Madame de Noailles, qui se compare 4 une fleur vivante que visi- tent les abeilles, et de Co- lette dont je retiens cette phrase équivoque et inquié-f tante ‘‘Tu me donneras la volupté, toi qui cherches, 4 travers ton amie passion- née, l’enfant que tu n’as pas eu.”? Anna de Noailles, Co- lette, et le peu d’expérience que j’ai acquise ici et 1a sur le chemin de fleurs et de cailloux de la vie, me font deviner les femmes dou- blement plus sensitives que les hommes. D’un esprit moins rigoureux, elles par- ticipent davantage. de 1’in- fluence des saisons. Derrié- re leurs yeux d’or ou d’azur veillent éternellement ce que la machine, le progrés des moeurs, ou leur affectation a singer les hommes ne pourra jamais supprimer, du moins je le souhaite, leur instinct d’amante, d’épouse 7 LE COIN DEMAIN _ OFFRE D’EMPLOI RESPONSABLE DE L’ANIMATION JEUNESSE DES POETES La vie semble passer trop vite, N’étes-vous pas de mon avis Les journées sont bien trop petites Le temps si rapidement fuit ! La Fédération des Franco-Colombiens ouvre un concours} Public en vue de l’engagement d’une personne responsable de 1’animation jeunesse. EMPLOI : © : Le poste de responsable en animation jeunesse! sera responsable auprés du Directeur Général de planifier, organiser et coordonner les activités destinées Ala jeunesse -/F ranco-Colombienne. PLIEU DE TRAVAIL:. Maillardville (éventuellement Vancouver) QUALIFICATIONS : - Aptitudes 4 communiquer et travailler avec les jeunes. - Etre familier avec un milieu minoritaire. - Maftrise du frangais parlé et écrit. ‘|- Connaissance pratique de l’anglais. - Connaissance des méthodes d’animation. Et tous les jours, ce qu’on veut faire Se fait remettre au lendemain Une lettre augmente la filiére, Oh, mais j’y répondrai demain ! Je vais allonger mes journées Me levant une heure plus matin Cela prolongera l’année, Je commencerai dés demain ! Demain, je ferai tant de choses Qui sont A 1’état de projet Mais aujourd’hui je me repose, Ce n’est pas 4 une journées prés ! Je lis, je flane et je bricole Gaspillant un temps précieux Ne m’occupant que de babioles, Mais demain, je ferai bien mieux. SALAIRE : A é@tre discuté. Soumettre un curriculum vitae et un texte expliquant votre conception de cet emploi. DATE LIMITE : Le 11 aont 1972. Demain... Demain et les jours passent — Dans une rapide succession Et ce qu’il fallait que je fasse Reste dans les bonnes intentions. t Quand je devrai quitter la terre J’espére ce temps encore lointain, Seigneur, j’ai tant de choses A faire, Voudriez-vous remettre 4 demain ! SEMINI PHOTC 1363 8.W. Marine Drive Van., Berthe de Trémaudan Juin 1972 263-4851 | Le wioete he . Xi, LE-SOLEIE, 28 JUILLET 1972 ; F