4- Le Soleil de Colombie, vendredi 22 juillet 1988 INFORMATION Yves Legrand et Franck Hebeisen : deux nouveaux coopérants francais 4 Vancouver 100 % Rhéne - Alpes Par Patrice Romedenne «Je suis un Rhdne-Alpin», ne craint pas d’affirmer haut et fort Yves Legrand, sourire en coin, avec le juste aplomb des gens qui ne se prennent pas nécessairement au _ sérieux. Forcément, grand fou, quand on est né a Vienne- en Isére, dans |’est de la France, rien a voiravec|’Autriche- et quel’on a partagé son temps estudiantin entre Lyon et Grenoble, on échappe difficilement a |'es- tampille industrielle «Pur pro- duit région Rhénes-Alpes». De méme, on esquive diffici- lement le Service National quand on porte un nom hyper francais. Legrand! Pensez- donc! Allez hop, on ne discute pas, direction Vancouver, non mais... ; Coopérant a Vancouver? Par- fait! Il y a sept ans, Yves découvrait le mode de vie Nord’ Américain enVirginie, agréable contrée s'il en est. L’an dernier, fraichement auréolé de son dipl6me d'ingénieur, il débar- quait en Californie et décrochait' un Master en génie industriel a l’université de San José. Bref, le dépaysement lui est étranger et Vanimal vit plut6t bien son parachutage. Cété boulot, il suit (mais la rattrape-t-il?) «/‘actualité scien- tifique et technologique de la Colombie-Britannique pour mieux informer |’ambassade de France». Cédant tout a |’opti- misme, il concocte méme quelques fiches d’actualités sur le projet de fabrique de kaon a Triumf. Et cdté loisir? Heureux homme... Fou d’escalade, il se fait sa frayeur hebdomadaire, chaque week-end a Squamish. Dingue de tennis, il peaufine un service qu’il juge inconstant. Taré de golf, il martyrise les écureuils de Stanley Park qui nont que faire de son par. Détraqué du ski, il attend |’hiver de pied ferme. A part ca, Yves vous déclare tout de go aimer le jeu du méme nom. «Le jeu de go fait la part belle a la stratégie et a lintuition»« explique-t-il avant, oeil rieur calé dans une peau mate, de vous flanquer une mémorable déculottée. A la loyale, en plus. dés aujourd’hui. Et ca les fait rire... Frank Heibesen (dessus) et Yves Legrand Lh Fondation André Piolat’ @ Encourage |'étude de la langue frangaise par l’octroi de bourses annuelles aux étudiants de Colombie-Britannique. @ Jouve un réle dynamique dans le développement des arts et des lettres d’expression frangaise dans la province. Aidez-nous aussi 4 atteindre ces buts dignes d’intérét! Faites parvenir vos dons, déductibles d'impét, 4 l'adresse suivante: 104-853, rue Richards, Vancouver, C.B. V6B 3B4 Tél.:(604) 669-2235 Prononcez « @ - baille - zen » Par Patrice Romedenne Installez-vous —_ confortable- ment, éteignez la_ lumiére, respirezlentement, pincez-vous le nez avec le pouce et | index et articulez aprés moi :«é-baille- zen»«, C’est dur, hein? ll s’appelle Hebeisen. Frank Heibesen. De 0 an (au moment desanaissance) a 18 ans (quand il entame ses études a Metz) il vit dans l’est de la France, a Sarrebourg, localité a cheval sur l’Alcace, la Lorraine et les Vosges. Donc, dix-huit années d'une enfance (que nous espérons sage) et d’une adolescence (que nous imagi- nons turbulente) marquées par «le contact des _ cultures francaise et allemande» , duali- té qui va se nicher jusque dans son patronyme. Pour féter son vingtiéme anniversaire, Frank casse la tirelire et se paye un aller simple pour Paris. Le voila a |’ESLSCA (a vos souhaits), une grande école de commerce d’ou il s’évade trois années plus tard dipl6mé, cravaté et spécialisé dans la banque et les finances. Survient alors la Mére Patrie qui l’'alpague par le collet et lui chuchote a loreille les délices de l|’armée, les splendeurs du _ regiment et la poesie de la corvée de chiottes. Horrifié, le petit Frank s’écrie: «Je serai coopérant» . Et il se rappelle. Il se rappelle ‘ce périple de 16 000 kilometres effectué en 1982 et les trois calecons a fleurs usés sur les fauteuils des bus Greyhound. II se souvient du sens de l’hospitalité des Canadiens. | revit «/e flash Vancouver, seul endroit ou il aimerait vivre avec Long Island et la banlieue de Philadelphien«. Alors il est la. A Vancouver. Comme les vacances ne sont pas gratuites, Frank passe ses journées au Poste d’Expansion Economique sous la direction de Thierry Rosset, |’Attaché Commercial de France a Vancouver. Tout ce qui touche aux biens d’équipement et aux ressources naturelles attire l'oeil rond de ce jeune homme jovial qui «recueille des infor- mations sur la vie économique locale pour les transmettre aux organismes de renseignements francais, effectue des études de marché, recense les opportu- nités concrétes pouvant concer- ner des entreprises francaises et facilite le travail des exportateurs restés au pays», Dur labeur en vérité. Quand sonnel’heure du repos, Frank déplie sa chaise longue («Mon seul sport»« dit-il) et se ‘plonge dans des livres d’histoi- re. Grand enfant, il lui arrive méme de faire vroomer ses Bugatti miniatures qu’il collec- tionne avec affection. (Le journal transmet tous les dons). Aussi, nul ne s’étonnera que Frank Hebeisen ait repris a son compte la devise du courreur automobile Fangio: «Tout faire pour étre le meilleur sans jamais ‘croire quion y est arrivén«. Et d’ajouter: «Surtout, ne pas le dire»«. Trop tard. 4% E