4 Le Soleil de Colombie, vendredi 23 juillet 1982 Me connaissez-vous? Je suis le “dent-de-lion” Entrevue avec Pissenlit, Par André Chollat, au Solel de Colombe. affecte mon humi- lité; mais autant vous le dire, vous, si mes feuilles Sees lent les dents du lion (d’od mon surnom), elles n’en sont pas moins fragiles et sans défense, au ras du sol. Oui, je oF fier de mon surnom et je regrette qu’en we on l'ait orthographié D. ELION _ (prononcé DANDI-L’AILLO )s ga ne veut plus rien dire. (Je sais que cette langue manque de sensibilité, mais quand méme...!). Peut-étre est-ce pour cela qu’ici on me traite si mal dans les jardins; j'ai méme|l'impression trés nette que l'on cherche & me faire araitre, alors que je fais de mon mieux pour égayer de mes fleurs d’or ces espaces verts, uniformes et stériles qui entourent les maisons; allez donc comprendre! Mais je parle, je parle, et... je ne me suis pas méme Speen Mon nom de famil- le, le vrai vous savez, offi- ciel, botanique, scientifique, étymologique, et tout et tout, est taraxacum, du — grec taraxos, signifiant: désordre (littéralement: je trouble ou j'agite), et akos qui veut dire reméde; par conséquent, le reméde de ce qui agite. Je Tecus ce nom en raison de mes propriétés (pour ne pas dire pouvoir, par humilité) purificatrices (du sang et. du systéme digestif) et diuréti- ques (c’est-d-dire: de faire - pisser), Ces derniéres me valurent l'épithéte un peu libertine d’urinaria que me donnérent les apothicaires des temps passés. Les Fran- cais, grivois comme on les connait, eurent tét fait de me dénommer d’une facon plus libertine encore: -lit; imaginez donc! C'est sous ce sobriquet que je suis mieux connu par tous, en France, revreue Quelle déchéan- ce - Si au moins les gens savaient pourquoi ils me .surnomment ainsi désor- mais; mais la plupart l’igno- rent. . Aujourd’hui on me dédai- ‘gne, alors qu’autrefois j'étais connu pour mes vertus et doy apes On avait recours a moi pour de nombreuses raisons bien avant que les fai- seurs de potions et dispensa- teurs de clystéres, en Euro- pe, m’aient rabaissé Ala seule dénomination que vous sa- vez. Les Grecs m’avaient poéti- y kage surnommé leonto- ce qui en latin donnait dens leonis et en francais dent de lion, & cause de la forme de mes feuilles; honné- tement, je ne m’en étais pas rendu compte; il est vrai que sess es trop _prés d'un lion. ( surnom me flatta. Certains botanistes s’avancent a dire aoe japparus d’abord en réce; je ne les contredirai ; entre nous soit dit, ec m’en souviens pas et j‘ai aucune idée d’od venaient Sud; allez savoir pourquoi? Quoi qu’il en soit, je suis d'une nature robuste et peux vivre & un &ge avancé en‘ bravant les saisons sous des" climats bien divers; cepen- dant je préfére les climats aa rés. Jen’aime guéreni - eresse, ni les tempéra- tures extrémes; mais j’appa- rais et je tache de faire bonne figure partout of des condi-' tions raisonnables de_ sol, d’humidité et de lumiére semblent exister. EnAmérique du Nord, les oar ges mont reconnu se mté d'une vingtaine de ches familiales distinc- tes, auxquelles ils ont donné des noms dont je doute qu'ils — vous soient familiers, tels que, entre autres: ambigens, croceum, dissiminatum, lace- rum, lapponicum, latilobum, lingulatum, ovinum, pseudo- norvegicum, retroflexum, jum, scanicum, tene- bricans, rumentilobum, etc, ete... de quoi titiller l’ima- gination, n’est-ce pas? Je pense que vous savez un peu mieux, maintenant, qui je suis; aussi, laissez-moi vous expliquer pourquoi et comment je peux vous Stre utile (je ne doute pas qu'il y; ait parmi vous, si vous avez pris le temps de lire jus- quiici, des gens intéressés; peut-étre &tes-vous de ceux ‘et celles qui m’avez décou- vert il y a déja bien long- temps?). Vous le savez maintenant, jai des pee diuréti- ques, mais également laxa- tives et purificatrices du sang, dans toutes les parties .de mon &tre, mais particu- lisrement dans ma racine charnue et profonde qu'il faut récolter de préférence uand je suis en fleur; il faut lutiliser fraiche en décoction et infusion. L’élément actif (qui fut dénommé taraxine) se trouve dans le suc, ou substance laiteuse, qui coule de ma chair lorsque l'on coupe mes fleurs, la base de mes feuilles ou ma racine. Le goft en est un peu amer; mais c’est un dépuratif effi- cace qui sert entre autres a traiter la jaunisse. (En appli- * cation directe sur la peau, je peux en quelques jours ou en quelques semaines faire dis- paraitre des verrues récalci- trantes.) En infusant 100 gr de mes fleurs par litre d’eau, vous pouvez obtenir une eau de toilette he vous permet- tra de faire disparattre l’acné du visage et les impuretés de la peau. Mais revenons & ma raci- ne; celle-ci séchée et torré- fide & la maniére des grains de café, puis moulue fine- ment, vous donne un substi- tut du café supérieur au gofit et bien préférable au café de qualité ordinaire dont il n’a aucun des effets négatifs; il ne vous embers pas de dormir, bien qu'il ait une, _ action stimulante pour tout lorganisme, en aidant au bon fonctionnement des reins, du foie et de tout le systéme digestif. (Peut-on en dire autant du café?). © Par mon feuillage et mes fleurs je peux aider ceux et celles d’entre vous qui souf- frent d’anémie et de malnu- _ trition; ils sont, en effet, riches en sels minéraux nu- tritifs, essentiels au bon équi- libre du sang. Ils permettent l'assimilation d’aliments de structure nutritive souvent incompléte. Ils combattent les acides dans le sang, dont le ceveloppemeds est consi- dérable lors de déficience con : autres maladies de la peau ne sont, bien souvent, que les signes extérieurs d'un tel “Eas dnd u temps, des . des de mes feullles jeunes et tendres, auxquelles on peut ajouter des boutons de fleurs & peine formés, sont tout a la fois un régal gastronomique et une cure de jouvence. Tout au cours de l'année, mes feuilles vertes peuvent &tre préparées et servies comme des épinards ou tétra- gones, (elles doivent simple- ment &tre cuites un peu plus longtemps et chan d'eau en cours de cuisson si elles s’avérent trop améres); elles Pour un volume approxi- . matif de UN gallon (6 litres) de fleurs bien formées (récol- tées & midi, alors qu’elles sont le plus ouvertes et riches en énergie solaire) vous mélangerez un volume équivalent d’eau bouillante; aprés avoir activement re- mué le tout, vous le recou- vrez d'une couverture et le laissez macérer pendant trois jours; vous “brassez” le mélange matin et soir afin de. s’associent fort bien avec Yoseille et les feuilles de blettes (poirées). Elles sont aussi des plus appréciées en beignets, galettes et omelet- tes, ainsi qu’en soupes et potages. Pour l’amateur de cure liquide, dans le cadre d'un régime ou d'un jefine, les infusions de mes feuilles et -de mes fleurs ne peuvent étre que bénéfiques, rafrai- chissantes et méme agréa- bles au gofit, accompagnées d’un peu de miel. ; Mais pour les connais- seurs, mes fleurs peuvent permettre de produire des boissons tonifiantes, apériti- ves et rafraichissantes: soit des boissons légéres et peu ~ aleoolisées comme la biére de Dent-de-lion, bien connue en Angleterre, _particuliére- ment dans les Midlands; soit un apéritif, plus riche en: alcool, dont la couleur et le gofit peuvent rappeler le sherry; ce dernier, familiére- ment dénommé “Vin de Dent-de-lion”, a une réputa- tion de tonique bien établie autant en Europe qu’en Amé- rique du Nord. La méthode de fabrication en est simple: a’ Canada Vheure et la date de distribution des plans, Projet George; Association des Dépét: $50.00 Directeur des projets -J.B. Coxford Travaux Canada 201 route Téléphone: [403]668-5267 aucune des soumissions. Travaux publics APPEL D‘OFFRES LES SOUMISSIONS CACHETEES, visant les entre- prises ou services énumérés Sy er adressées au Chef, Soumissions et contrats dela Travaux publics Canada, 1166 rue Alberni, Vancouver, , (Colombie piper V6E 8W65 seront recues jusqu’a ite déterminée. On peut se procuer les documents de soumission par l’entremise du bureau versement du dépét exigible. PROJET No.091458- Ecrasement et empilage, km 1322, Autoroute de l’Alaska, Yukon. Les documents de soumissio consultés aux bureaux du PW' 200, 2me étage, 9925 - 109¢me rue, Edmonton; et uvent étre consultés a l'association de construction 4 lawson Creek, Fort Nelson, Fort St-John, Prince Whitehorse; Association des constructeurs de route de C.B., Vancouver, bureaux du PWC, Fort Nelson. | Date limite: 11h00, heure du Pacifique, 17 aofit 1982. Whitehorse, Y.T. YIA 3A4 INSTRUCTIONS Le dépét afférent aux plans et devis doit &tre établi a l'ordre Receveur général du Canada. I] sera remboursé sur retour des documents en bon état dans le mois qui suivra le jour de l’ouverture des soumissions. Le Ministére ne s’engage a Canada séparer et d'immerger le “coussin” de fleurs qui flotte & la surface et qui en s’oxy- dant s’acidifie. (Si on ne le fait pas, tout risque d tourner au vinaigre). Ensuite, vous drainez le tout dans une pressez pour récupérer le maximum de liquide. Vous ajoutez a celui-ci du sucre, a raison de 250 a 300 gr par litre, un peu de gingembre finement haché et le zeste d'une orange et d’un citron (on peut ajouter d’autres épices si on le désire); vous le faites bouillir a petit feu ‘pendant trente minutes envi-: ron en le couvrant. Vous laissez ensuite refroidir, puis ajoutez un peu de levure (1 gr par litre) pour démarrer la fermentation. Le résultat final ne sera que meilleur sila fermentation se fait lente- ment (5 jours représentent une bonne moyenne) dans un’ local sombre ot il ne fait pas trop chaud. Yee ~~ Une fois que le liquide a fini de travailler, il est filtré et conservé a l’abri de l’air, dans un tonnelet de bois si possible, afin qu'il “mfrisse” pendant plusieurs mois. Il ne Public Werks Canada gion du pacifique, l'adresse ci-dessus sur n SRE &tre également 4 Whitehorse; chambre contracteurs du Yukon, accepter ni la plus basse ni Bol assoire et. ‘sance griice a vous reste qu’é décider du moment de la mise en bou- teille et... de celui de vider les bouteilles! Vous aurez obte- nu un apéritif délicieux et tonifiant dont vous me direz de nouvelles! Avec un peu d'expérience vous apporte- rez vos propres modifica- tions dans le choix et la quantité des ingrédients, aw. point de créer votre mélan secret qui fera votre fierté. Comme vous le voyez, je peux vous aider de facon directe et indirecte. Dans la nature, je tiens bien ma place “parmi les plantes mélliféres autant dans les régions de. _ paturages d’arbres fruitiers, ot je suis . . un héte apprécié entre les ’ floraisons des diverses espé- que dans celles ces fruitiéres. Mes fleurs sont souvent la du printemps a Vhiver et il vous suffira d’observer les abeilles qui les butinent pour vous rendre compte de la richesse de mon pollen. Quant a mes semences por- tées par le vent sur leurs aigrettes soyeuses, elles font le bonheur des petits oiseaux et, pour d'autres raisons, celui des amoureux et des enfants; ne vous rappelez- vous pas avoir soufflé aux quatre vents mes boules flo- conneuses dans lesquelles se jouaient les rayons du soleil. Ceci devint méme le symbole de la diffusion de la connais- Monsieur LAROUSSE? Parmi les animaux de la ferme, les chevaux me trou- vent trop amer; les vaches et les moutons ne me dédai- gnent pas, mais me préfé- rent les graminées. Je fais, en revanche, le bonheur des chévres et des lapins. Quant aux cochons, ils me dévorent avec voracité, fleurs, feuilles et racines, mais ils ne m’ont jamais laissé savoir ce qu’ils pensaient de moi, les goin- gE Te Se pee 7 #7 7 J : fres! (je puis vous dire, en tout cas, que mes feuilles hachées dans le boudin sont 4 délicieuses, et qu’une salade de mes jeunes feuilles avec des lardons, c'est a s’en lécher les doigts!). J’aurais encore beaucoup & vous dire 4 mon sujet, mais nous n’en finirions jamais; laissez-moi seulement vous demander de me considérer, dorénavant avec un peu plus d’objectivité lorsque vous me trouverez dans le jardin. En me regardant d’un peu plus prés, vous verrez que ma fleur est tout aussi belle que celle d’un chrysanthéme (une Composée tout comme moi); mais la sienne a la particula- _ rité de suivre le cycle du soleil; elle s'ouvre le matin et se referme le soir avant la rosée pour protéger son pollen et ses pétales de Vhumidité; vous me verrez également me fermer lors- que le temps est a la pluie. Vous en étiez-vous rendu compte? Avant de vous quitter, laissez-moi encore vous rap- peler que je ne suis en rien toxique et que je ne peux que vous étre bénéfique. Ne m’en voulez pas d’étre prolifique et, un peu trop désordonnée a votre gofit. En nous connaissant mieux, je suis bien sfir que, vous et moi, nous arriverons a coha- - biter et méme, a mutuelle- ment nous comprendre! En- tre nous soit dit, 4 quoi cela vous sert-il de vouloir m’ex- terminer, de brandir le dra- peau de la discorde et les armes de la discrimination (sans parler de séparatis- me)? D’une maniére ou d'une autre, et en dépit de nos caractéristiques personnel- les, nous sommes astreints (jallais dire condamnés) a vivre ensemble! Que ce soit _ le mieux possible. Merci de votre attention. par M. Monnet meilleur des muudes. roconsul & tem d’avance. Heélas, il app: montrer patte tricolore. éliminés, reje sans grades. - Sile gran - Allons Monsieur Véto avait pro leur souvenir. Et les Les aventures de Simplet Simplet et la mie-juillet Il était une fois et il est encore un grand et beau pays, celui ot est né Simplet, qui chaque année a la mie-juillet avait sa féte traditionnelle. En ce temps, le représentant local dans les pays lointains mettait les petits plats dans les grands, il invitait les anciens combattants, acceptait tout un chacun et tout était ce soir-lA pour le mieux dans le Lors donc cette année-la, il y eut changement de ert sur les bords pacifiques de ‘océan et le bon petit peuple né en Gaule s'esjouissant : it avec consternation par la — bofte & images de Canada-Radio que la grande salle restaurantiére et universitaire avait rétréci et que seuls quelques privilégiés pourraient a l'entrée, Incroyable, mais vrai, m6me de nombreux anciens combattants et blessés de guerre furent éliminés (alors que leur total se monte a trente cing) sans que l'on connut les raisons de cette ségrégation. Et c'est pourquoi ce soir quelques vétérans, tristes, tds, discriminés, entourés de quelques bouteilles champenoises bavardent et révent: - _- Simple coincidence, tous les mals-aimés, les oubliés officiels ne sont que des travaillants, des petits, des - Les fétes proconsulaires c’est pas pour les manants. A frére de l’hexagone savait ¢a. devant l'entrée UBC(Universal Bonus Consulus) une pancarte autour-du col: | ; French Veteran Disabled From Bastille Day - Oui et en anglais, ce sera plus sfir. - Non, dit Simplet, non.-On ne peut faire ¢a a la France. Les bouteilles épuisées, la mélancolie s'empare des laissés-pour-compte, ceux qui n’ont pas la cote d’amour et quelqu’un entonne le sad Mais le coeur n’y est pas et dans l’fme des anciens combattants abandonnés s’éteint le feu d’artifice de - Bah, dit Simplet, toujours optimiste, les préteurs passent, la France demeure. a Une page de Selambe xevient § kee légionnaires sous leur tente commencérent a | ‘murmurer contre les proconsuls. &suivre ; site ! Bei . ARES AS HER, eee rman ime aah e% *,