Le Soleil de 1 Colombe, Meat 29 décembre 1 1978 LE CHASSEUR REPENTI passion...; ses tableaux de chasse, son afre...; perdrix au canard sauvage, et méme si une En Provence, la sainte Famille dut faire connaissance avec I’esprit familier. Cet esprit qu‘on ne voit jamais, naturellement, est une sorte d’ange gardien de la maison; un ange malicieux, gentil mais espiégle. |! aide aux soins du ménage mais ne cesse de faire des farces, faisant sauter le petit pois ou la lentille entre les doigts des trieuses, lachant la grenade sur la téte de celui qui passe sous le grenadier et inondam sa. figure du beau jus rosé comme le vin de Provence, et bien d'autres choses encore. I! tape sur l’épaule de qui fait le mal, et rit dans un coin comme un petit ruisseau quand on fait une bonne action, et puis il casse quelque chose sur la cheminée ou la desserte si on ne s‘intéresse plus a lui. ou qu’on désire le chasser... // arrive aussi qu’il pleure et s‘en aille pour toujours en claquant la _ porte comme un coup de mistral. Sur. toutes les places de Provence il y @ la boutique on ne parle que de rien ne résiste a de fa biche au liévre, de fla oie ou une poule s‘égarent il les tue...; guand il voit de la plume ou du poil ses yeux brillent. Quand il a fait son pain, il ferme la boutique, et le voila parti scrutant le ciel et les buissons, et Toreille a l’affdt. 11 part 4 la chasse mais son pain va brdler...’’, et l’esprit se retira avec un petit rire en cascade. La Vierge était un peu triste; elle pensait a toutes ces petites bétes victimes de I’infatigable tueur et elle plaignait aussi ce dernier qui avait une telle passion, aussi forte que le jeu ou la boisson pour d’autres. Le temps passait, le soleil se faisait plus chaud, c’était maintenant fa matinée, et Marie sentit une petite odeur de roussi dans les environs: elle pensa aux derniers mots de I‘esprit familier: “‘et son pain brdlera’’. C’était dimanche et elle voyait les arriver suivi d‘un beau petit lapin qui sautille. Ils franchissent tous les -deux fa porte et Pascal sort ses pains tout chauds, un peu plus dorés que dhabitude... Marius, bougon, fait remarquer: -. #1 a pris un coup pain aujourd ‘hui... Mais Pascal sourit, i} est muet ce matin, il ne parle pas de ses chasses. I! livre tout son pain et puis il prend le flapin dans ses bras et va Il’apporter & Marie avec deux belles tourtes bien bien croustillantes: - Je veux bien les tourtes car j’ai invité des petits enfants, mais, pour le lapin, garde-le..., tu es seul, il te tiendra compagnie. - Je voudrais bien mais c’est pour les autres, ils vont se moquer de moi si jéléve un lapin... - Ne crains rien, ils t’aimeront plus comme éleveur de lapin que comme chasseur de fapins... Ca finissait. par ne plus les amuser du tout tes histoires de chasse...; et tu de soleil ton a une fontaine... On y vient se rafraichir en gens s’‘acheminer vers la boulangerie. Elle avais I’air bien méchant quand tu t’en buvant au creux de la main ou, vers le caressa les cheveux de son enfant comme _allais tuer les gentilles bétes...; tu étais tout soir, simplement écouter le bruit de l’eau qui chaque fois qu’elle avait a tui demander fumant...; et puis, je vais te confier un s‘écoule... Et tandis qu’une. oreille se ra- Silencieusement une faveur... secret: un jour il naitra sur la terre fraichit ainsi, I’autre s’échauffe aux derniers Pendant ce temps, ‘dans 45 campagne, d‘Italie, pas trés loin de chez toi, un ragots des bavards. La Vierge aimait bien venir a la fontaine de son village; trés tét le matin elle s’asseyait un moment avec saint Joseph et I’enfant, et I’on_ faisait boire l‘éne. Et. esprit familier: venait lui raconter des histoires qui Jui permettaient de ‘se familiariseer avec les gens et les coutumes du pays. Or, un matin de fort bonne _ heure, la Vierge vit passer devant elle, a fa fontaine, Pascal le boulanger,. gibeciére au dos et arc sur I’épaule. // ne la. vit méme pas; il marchait a grandes enjambées, le regard droit devant lui perdu dans je ne sais quel réve. “It part @ la chasse, c ‘est sa grande George PERRON Président : Pascal, qui avait été étrangement bredouille jusque-/a et qui grommelait de rage, entendit soudain dans la trace de ses pas un petit bruit comme une feuille qui tombe..., il se prépare... et voici que surgit devant lui, bien assis sur son derriére, un d6licieux petit fapin, minois rose, oeil vif... Avant qu‘il ait le temps de le viser 1’ ‘animal. se met a parler: - Tu oublies ton pain dans le four, boulanger... L’arc tombe de I‘épaule, la gibeciére glisse des reins, tout le matériel du chasseur reste en plan dans I‘herbe matinale. Et Pascal court @ toutes jambes. Et les villageois qui attendent dans fa boutique le voient Les Administrateurs le directeur et le personnel de la CAISSE POPULAIRE DE MAILLARDVILLE homme qui apprivoisera tous les animaux, il dira “‘mon frére loup, mon frére 4ne et mon frére lion’’, et tous I’aimeront...; il sera comme toi avec le lapin, ce sera un trés grand saint. : Depuis ce jour, Pascal et son lapin devinrent grands amis et Pascal ne chassa plus et personne ne se moqua de lui, bien au contraire. Quant @& I’esprit familier, il ne vint plus bavarder avec Marie..., peut-étre avait-il affaire ailleurs..., mais a la place ou il avait coutume de se faire entendre, quand /a Vierge revint le lendemain de cette aventure, un arbre s‘était mis & pousser et a fleurir comme aux plus beaux jours du Printemps... quelque chose avait souri dans he ‘air. Jean T. AUSSANT Directeur Général Souhaitent a leurs membres et amis, un JOYEUX NOEL ET UNE NOUVELLE ANNEE 79 heureuse et prospére. Ghislaine PILON Directrice Epargne-Services Marguerite CHRETIEN Directrice Crédit «Prenons le contréle de notre économie et nous serons maitre de notre destinée» 1013 Avenue Brunette, Maillardville Tél.: 525-3331 : Ouvert du lundi au jeudi, 10h00 4 17h30, vendredi, de 10h00 a 18h00 ee ee See ee ee er ee oo as