Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 7 mars 1997 13 Le fFeardien PAR PERNELLE SEVY Je connais bien le jardin du Cadran. Depuis de longues années j’y exerce la fonction de gardien. J’ai passé des jours 4 suivre la croissance des arbres, la floraison des massifs, les jeux de lumiére sur les bassins. Certains passants traversentle jardin par la grande allée centrale, pressés, leurs pas crissant sur les graviers. Ils regardent peu autour d’eux. Ils pen- “sent sans doute au contenu de leur attaché-case, ou a leur future entre- . vue avec leur patron. Je préfére les visiteurs qui ne craignent pas de per- ‘dre un peu de ce temps qui passe si vite. D’ailleurs, le perdent-ils? Il y a lamére qui surveilleson enfantet qui l’aide a faire flotterson voilier, l’autre qui pousse devant elle une petite voi- ture, s’arréte pour arranger le drap ou pour faire sourire le bébé, puis jesais qu’elle va s’asseoir sur un banc et sortir son tricot. Il y a celles qui pro- ménent leur chien et que je dois sur- veillerdu coin de |’oeil pour qu’elles restent bien dans la partie du parc qui leurest réservée. Celles-la je les con- nais bien. Elles viennenttous les jours, aux mémes heures, mesaluent genti- ment comme si j’étais le garant de leur sécurité, et parlent volontiers avec moi entre deux rondes. Ily aaussiles amoureuxquine regardent qu’eux, les amis quisesont donné rendez-vous dans ce jardin et qui bavardentsans arrét pendant une heure. Ceux-la n’ont pas besoin de moi. Je le sais. Je suis discret. Les habitués les plusnombreuxsont ceux qui viennentavecun livre. Ils choisis- sent une chaiseisolée, ouvrent ounon le livre, lisent ou révent, mais je suis sir que, de toute fagon, il vaut mieux que je fasse semblant de ne pas les voir. Pour eux je fais partie du jardin comme le catalpa ou la bordure de bégonias. Et puis il y a les vieux. Ils sont la dés que la saison est bonne. Ils marchent lentement, et finissent par s’installersurun banc abrité du vent. Euxme parlent volontiers. Du temps qu’il fait, ou de leurs rhumatismes, ou de leur jeunesse qui n’était pas com- me celle d’aujourd’hui. Quel mal- heur, croyez-vous ! Etun jourjene les vois plus. Ils ne viendront plus chauf- ferausoleil leursmembres engourdis. Ils étaientplus 4gés que moi, mais pas tellement, si on compte bien. L’en- nui, lorsque les années passent, c’est de sentir petit 4 petit que 1’on est un survivant. On vieillit, au fond, sans s’enapercevoir. J’ai remarqué une jeune fille qui vient tous les jours. Ellea juste un sac 4 main qu’elle tient au bout du bras. Elle choisit une chaise ou un bancprés du grand cédre d’Himalaya et reste parfaitement immobile. Elle esttoujours seule. Ellenelitpas. Elle n’écrit pas. Elle ne parle pas et son visage estsans expression. Jesuis sir qu’ellene réve pasnon plus. Ou bien des réves tristes. Au bout d’une heure elleseléve comme un automate etse dirige vers la sortie. Pourquoi vient- elle ici puisqu’ellene semble pass’y trouver 4 |’aise ? Attend-elle quel- qu’un qui ne vient jamais au rendez- de recrutement ou composez National Defence Défense nationale iv Joignez NOTRE force ouvriere, Apprenez un metier. Imaginez-vous technicien maritime, aéronautique, électromécanique, ou dans un autre métier spécialisé. Imaginez que vous avez un métier et que vous étes payé pour l’apprendre. Puis, imaginez une carriére 00 vous porterez avec fierté votre appartenance a I’équipe des Forces armées canadiennes. Maintenant, imaginez-vous au coeur de l’action, ici et ailleurs, dans des opérations de sauvetage ou de maintien de la paix. Que vous soyez un homme ou une femme, joignez-vous a notre équipe dés MAINTENANT et participez a cette grande tradition canadienne de fierté. Pour plus de renseignements, passez a un centre 1800 856-8488 www.recrutement.dnd.ca Ce pourrait étre la meilleure décision de votre vie. vous ? Recherche-t-elle le calme ? certainement pas car I’aire de jeux est tout prés et les enfants sont sou- vent bruyants. Aime-t-ellelecontact avecla nature ?(c’est une expression que j’ai lue). La nature ? Elle ne la regarde pas. Je dirais méme qu’elle ne la voit pas. J’ai tenté, 4 plusieurs reprises, de lui dire quelques mots mais elle n’a pas répondu, je ne sais méme pas si elle a entendu ce que je luiai dit. Oui, voi- la, c’est cela. Elle agit comme une sourde et une aveugle. Pourtant je suis certain qu’elle n’est ni l’une ni!’autre. L’autre jour j'ai vu l’orage se préparer.J’ai tou- jours beaucoupre- gardéleciel. Cela vient peut-étre de ma jeunesse lors- que je naviguais sur un bateau hauturier. Je sais lire les nuages. J’ai donc vules cumulo-nimbus s’€pais- sirets’assombrir, annongantla pluie. J’ai cru bon d’avertir les réveurs qui voient souvent autre chose que ce qu’ils ont devant les yeux, et aussi ceux dontle regard nesedétache pas dulivre ouvert devanteux, et enfin les vieux, trop malhabiles pour courir rapidement vers un abri. Mais la jeu- ne fille n’a pas bougé malgré mon conseil. Elle est repartie mouillée jusqu’a l’os, mais 4 son heure habi- tuelle. Alors je me suis demandé si elle avait bien toute sa raison. (asuivre...) Le Soleil s‘envole bbddbadbdadbadbaadbadbeidbid Le choix musical D’ Yvan Brunet OFFENBACH «Les _incon- tournables Rock» BMG/RCA Voici le troisiéme de la série «Les incontournables» d’Offenbach. I s’agitdu plus dense et du plus essen- tiel regroupantdes titres tels que «Le rock’n’roll veut ma peau», «J’aile rock’n’roll pis to€», «Deux autres biéres», etc. Bref, une toute nouvelle compilation truffée de succés inou- bliables et de quelques piéces moins connues. De quoi combler4 la fois les aficionados et les simples amateurs. JANOBERGERON«Histoireina- chevée» GAM Passantdu blues au rock, de la ballade au «soul», Janoabordeavec «Histoire inachevée>» les thémes de la fidélité, de la douleurdevivre, de la déchirure et méme de la mort. On se laisse charmer parune composition signée Gilles Vigneault intitulée «Tinamer» (extraite du film) en plus d’un duo explosif avec France Castel (une fem- mecommemoi). Undisque construit avec finesse, tant6t musclé, tantét intime. WILLAN HEALEY «Tenebrae Responsaries» VIRGIN CLASSICS La spiritualité du compositeur cana- dien Willan Healey (1880-1968) est évidente dans «Tenebrae Responsaries» une oeuvre de mérite qui ne démontre aucun essai d’affi- chage ou d’effet et qui cadre parfaite- avec AIR CANADA pour Paris et Montréal. AFFAIRES! DES AILES A VOS ment bien avecle théme dela Passion. Bref, de la musique simple, sans pré- tention, a cappella (choeurs del’église de St Mary Magdalene de Toronto sous la tutelle de Robert Hunter Bell) qui convientadmirablementaux occa- sions liturgiques et qui est reconnue pourapporterapaisement et réconfort aux ames troublées. GILLES DREU «Les grandes chan- sons» SELECT/GUY CLOUTIER Pour qui a évolué avec la musique sympa de Gilles Dreu, cette toute nou- velle compilation regroupe 12 de ses plus grands succés: «Alouette alouet- te» avec Dreu vagabond qui prie l’amourd’une femme, «Zhéodorakis» avec un Dreu militant soutenant le- combat de Théodorakis, «La mégére apprivoisée» avec un Dreu romanti- que qui apprivoise une mégére 4 coup de roses, etc. De quoi ranimer de bons souvenirs nostal giques. JEAN-LOUIS MURAT «Dolorés» VIRGIN Jean-Louis Muratestune personnalité clé de la chanson frangaise. Avec ce cinquiéme album oi il Evoque la fem- me quidéfiele fantasme, Murat cons- truit et distille une atmosphére musi- cale 4 la fois contemporaine et intemporelle, obsédante et retenue. A surveiller le premier extrait/vidéo «FortAlamo»,enplusde«Dieun’apas trouvé mieux» et «Le train bleu». On aime ou on n’aime pas, mais il est difficile de demeurer indifférent!O) SOYEZ A “BORD DANS LES PAGES DU SOLEIL! APPELEZ-NOUS AU 730-9575 The source of information cultural communities in British Colambia http://www. culturalexpress. sy news CulturaleXpress is a service provided by Pacific Cultural Services Ltd., which specializes in cultural community. marketing and media. Phone: (604) 327-9686 Fac (604) 325-3802 FIND OUT cboat events, : in the francophone community anc DISCOVER ‘interesting fate abut PAD eel frmle aie Fou orgautzalnet ard resvarcee ns, cables, ar hurt Caillat ed NN pee Hl ray A pt theyre i yp et A ON IR ANN ge OR A NR A NN ZN At