Disparition Le 16 novembre dernier, Yves Berger est mort d'un cancer du poumon. Je signale cette disparition car il était un ardent dé- fenseur de la langue francaise. Je lui avais parlé de notre mo- deste Association qu'il n'aurait pas manqué de soutenir s'il avait vécu plus longtemps. Je lui avais télephoné le 13 septembre et il ne se faisait aucune illusion sur l'issue de sa maladie. Qui était Yves Berger ? II 6tait, bien sOr, un écrivain connu avec, a son actif, plus de dix romans. Mais son action dans le monde littéraire ne se limitait pas a I'écriture. Les Editions Grasset, en 1945, étaient sur le point de disparaitre, les opinions et I'attitude de Bernard Gras- set ayant vraiment dérapé pendant occupation de 40 a 45. La maison eut alors un nouveau Directeur général et Yves Berger, jeune homme de moins de 30 ans, fut pressenti pour en étre le Directeur littéraire. Ce fut le début d'une aventure qui dura 40 ans. Il fit des Editions Grasset l'une des meilleures sources de la littérature contemporaine et fut influent, a-t-on dit, dans I'attri- bution des prix Goncourt et autres se distribuant a Paris. A cette intense activité s'est ajouté, pendant toute sa vie, un combat acharné pour la défense de la langue francaise partout ou elle se parlait dans le monde. De conférence en conférence, prénant la bonne littérature, guettant les anglicismes pour les tirer 4 bout portant, sévére et sans pitié, il est vrai, pour ceux qui écorchaient la syntaxe, passionné et généreux lorsque le style d'un auteur, méme inconnu, le séduisait, il était normal qu'on le nomméat a la Présidence du Conseil supérieur de la langue frangaise. Il me dit alors, avec orgueil peut-étre mais aussi avec simplicité: "C'était ma place!" J'ai eu la chance de rencontrer Yves Berger sur ma route. II avait mis toute son énergie pour défendre l'un de mes romans mais n'avait pu, a son grand regret me dit-il, décider l'un des lecteurs dont le vote me manqua pour étre publiée chez Gras- set. Mais c'est alors que j'ai gagné son amitié qui fut toujours chaleureuse. Je ne peux parler de lui sans mentionner son amour pour Amérique - une Amérique a lui - présente dans toute son oeu- vre