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L’APPEL

Juin 1967

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Tour d’Horizon

Radio francaise en septembre

Nous apprenons des autorités de la Société
Radio-Canada que la station frangaise 4 mo-
dulation de fréquence, projetée pour Vancou-
ver, sera en ondes en septembre de cette an-
née,

Avec une puissance de 100,000 watts, CB
UF-FM donnera sensiblement le méme pro-
eramme offert par le réseau AM frangais de
Radio-Canada. Cependant le décalage des heu-
res (3 heures) entre Montréal et Vancouver
modifiera considérablement le programme a
Vouverture et 4 la fermeture de la station.
C’est & ce moment que la station laissera le
réseau pour présenter des émissions locales et
en différé. Les autorités du réseau francais
sont actuellement 4 étudier la nature de ces
émissions.

Comme on le sait déja, la décision de doter
Vancouver d’un poste de langue francaise a
été prise en juin dernier. L’autorisation finale
a été donnée par le Ministére des Transports
en septembre 1966.

Cet ordre de puissance plus l’élévation de
la tour d’émission devraient donner un rayon-
nement efficace dans toute la région métropo-
litaine et atteindre le maximum de qualité a
Victoria et sur le littoral est de l’Ile de Van-
ecouver jusqu’A Campbell River.

Toutefois, si l’on en juge par les difficultés
de réception du poste de langue anglaise CBU-
FM, a Maillardville, il faudra que les auditeurs
situés sur la céte nord du Fraser s’équipent
d@antennes directionnelles ou se branchent sur
le service de cAble communautaire.

Walter Lippmann, journaliste
d‘une rare espéce

Le monde du journalisme nord-américain
vient de subir une perte difficile 4 combler
dans la personne de Walter Lippmann qui, a
age de 77 ans, a décidé de prendre une re-
traite bien méritée.

D’ordinaire, les dimensions réduites de nos
pages ne nous permettent pas d’aller 4 Wa-
shington chercher un sujet 4 chronique, mais,
il ne s’agit pas, dans ce cas particulier, d’un
sujet ordinaire. Walter Lippmann personni-
fiait, 4 notre point de vue, une qualité de
journalisme extrémement rare dans la presse
de notre hémisphére: celle de l’analyse logi-
que des événements a partir d’une vision pla-
nétaire du monde. Le journaliste ordinaire
décrit et commente la nouvelle selon sa vérité
a lui, avec les yeux de ses préjugés a lui, et,
dans la perspective de vendre sa colonne @ son
journal et & son public. L’objectivité dont il se
réclame consiste plutot a éviter le libelle ou
& ne pas trop paraitre partisan, et, la substan-
ce de son message est, d’ordinaire, le reflet
assez fidéle des opinions de son milieu.

Ce n’était pas le cas de Walter Lippmann.

La guerre qu’il livrait de plus en plus ouver-
tement a l’administration L. B. Johnson, par-
tait moins de ses frustrations en tant qu’Amé-
ricain qu’en tant que citoyen du monde occi-
dental qu’il voyait acheminé vers des conflits
dépassés, indignes d’un monde prétendument
civilisé. Pour lui, les expériences désastreuses
des deux guerres mondiales, impasse Coréen-
ne, la futilité de Suez, le génocide du Vietnam ;
Veffritement irréversible des empires, en un
mot, tous les revers de l’histoire récente au-
raient di comporter des lecgons claires et dé-
finitives pour Vhumanité.

Walter Lippmann était de ceux qui ont
accepté la rancon du colonialisme. C’est le
prix que doit payer le monde occidental. C’est
dans cet ordre d’idée que Lippmann est devenu
un grand admirateur de De Gaulle. Ce qu’il a
senti en De Gaulle, c’est le sens de l’histoire,
la clarté de vision et une politique conforme
aux réalités du 20éme siécle. C’est sans restric-
tion qu’il abondait dans le sens de De Gaulle
au sujet de 1’0.T.A.N. Pour lui, comme pour
De Gaulle, le réle militaire de 1’0.T.A.N. de-
vait céder le pas 4 une perspective de relache-
ment de la tension internationale, surtout Est-
Ouest.

Selon Lippmann, l’idée d’un monde stéréo-
typé est utopique. On ne peut s’attendre a4
faire du tiers-monde un monde a l’image et a
la ressemblance de l’Europe et de l’Amérique.
C’est ce que le colonialisme a tenté de faire et
Verreur du néo-colonialisme maintenant diri-
oé par les Américains.

Lippmann laisse derriére lui un vide diffi-
cile 4 remplir. Nombreux sont les journalistes
qui n’endossent pas la politique du Pentagone
mais on peut faire des réserves sur les motifs
de leur opposition. Ils sont moins inquiets au
sujet des vies qui se perdent que de la mau-
vaise réputation des Etats-Unis. L’escalade leur
fait moins peur que les conséquences désas-
treuses pour les Etats-Unis d’une troisiéme
guerre mondiale. C’est moins la qualité et la
logique de l’évolution de la Communauté E-
conomique Européenne qui les intéresse que de
savoir comment leurs propres intéréts pour-
ront y étre préservés.

C’est done un champion de la pensée libre
de préjugés, de l’indépendance de jugement et
de Vobjectivité réelle qui quitte la tribune in-
ternationale du journalisme. Souhaitons-lui de
longues années de retraite durant lesquelles
cette merveilleuse intelligence produira cer-
tainement une oeuvre de synthése digne de sa
longue expérience.

De deux objets lequel est
le plus rapproché de Il’autre?

La géométrie des rapports humains ne suit
pas toujours les lois de la géométrie physique.
C’est ce qu’a pu suggérer un incident récent
sur la mer du Japon. En effet, 4 deux repri-
ses, au cours de maoeuvres navales américai-
nes, un destroyer soviétique et un vaisseau a-