Le vendredi 16 janvier 1998 3

spectre d’un danger permanent
Avalanches

Avec la disparition derniérement
en Colombie-Britannique de dix
personnes happées — par — des
avalanches, les feux de la rampe
viennent une fois de plus de se
braquer sur les dangers encourus par
les amateurs de plein-air en période
hivernale. Les avalanches,
imprévisibles en soi et assez
fréquentes tout au long de l’année,
représentent aux yeux des experts et
des mordus des pentes de montagnes

un risque majeur trés préoccupant.

Jean-Francois Paradis, géologue

Vinstar des orga-

nismes  oeuvrant
dans le secteur
comme le Centre
canadien des avalanches situé
da Revelstoke en Colombie-
Britannique, déja sur le qui-
vive depuis quelques jours, les
spécialistes de la question
assurent parallélement un
et de

sensibilisation des consignes

travail de diffusion
de sécurité maximale pour
mieux permettre au public de
se prémunir contre ce type de
cataclysmes.

LES DIFFERENTES VARIANTES
D’ AVALANCHES

Géologue de formation

et employé du Mountains

Equipment Coop de Van-
couver, Jean-Frangois Paradis
note que les avalanches sont «
une masse gigantesque de
neige et de glace qui se détache
@un flanc de montagne et
dévale la pente a toute vitesse ».
ll les répertorie en trois

groupes. La distinction

scientifique se fait ainsi entre
celles dites poudreuses, de
fonte et de plaque. Les
avalanches communément
appelées poudreuses, dont la
force serait équivalente & celle
d’un ouragan, sont accom-
pagnées parfois d’un souffle
d’air assez destructeur et
semblent plus mortelles car
elles glissent au ras du sol et
peuvent aussi tourbillonner
dans l’air A une hauteur

100 m. Les

deuxiémes, les avalanches de

voisine de

fonte, plus fréquentes dans les
zones rocheuses, font leur
apparition au printemps
lorsque la neige fondante
s’amasse en monticules qui
sont susceptibles de dégrin-
instant. La

goler a tout

derniére, en plaque, se
constitue d’un bloc entier de
neige solide qui se détache du
flanc de la montagne pour se
précipiter sur une couche en
surface de cristaux de glace

sans cohésion.

Redouté de tout temps, le
déclenchement de ce phéno-
méne_ singulier se passe
généralement pendant ou juste
aprés une tempéte de neige,
précise Jean-Francois Paradis.
Ainsi, quand une couche de
neige se dépose sur le sol et
s’accroche & celles déja
existantes, la surcharge d’une
importante chute n’adhérant
pas aux couches précédentes
provoque irrémédiablement
une avalanche. Toutefois, il
reconnait que les facteurs
naturels comme la quantité et
la qualité de la neige ou la
présence soudaine de vents
forts ne constituent pas les
seules causes d’avalanches car
dés que les conditions sont
propices, le moindre mouve-
ment peut provoquer une
secousse ; la chute d’un glagon,
la présence humaine ou le

déplacement d’un animal.

dune
peut
emporter de grandes quantités

Dans la chute

avalanche, la neige
de débris comme des rochers
et des troncs d’arbre. Dans les
régions montagneuses peu-
plées, elle est en mesure de
détruire des villages entiers.

Coincées sous une épaisse
couche de neige dure et tassée,
les victimes arrivent 4 peine 4
bouger et ne survivent que
quelques heures suite au
manque d’oxygéne ou & des
blessures qui ont éte provo-
quées par leur chute. A peine
5 % des victimes d’avalanches
saines et

sont retrouvées

sauves selon les statistiques.

MESURES DE PROTECTION

Face a la_prolifération
d’accidents, __ |’Association
canadienne des avalanches
créée au début des années
1980, s’était donnée pour
tache de constituer un péle de
véritables professionnels possé-
dant les connaissances requi-
ses en yue doffrir et de
maintenir un niveau de
formation de qualité dans ce
champ d’intérét. Aujourd’hui,
Yorganisme compte plus de
200 membres
dans

actifs qui

oeuvrent différents

aspects de la protection du

Le ski hors piste, un sport qui peut
s’avérer parfois dangereux.

public contre les avalanches.
C’est en 1991 que ladite
association avec le soutien du
Secrétariat national de recher-
che et de sauvetage a mis sur
pied le Centre national de
prévention des avalanches.
Malgré les connaissances
acquises au courant des
années, on convient que, par
contre, les catastrophes
naturelles renferment en tant
que tel une grande part de
hasard auquel- on est parfois
obligé de se plier puisqu’il
arrive que des_ situations

restent sans explication,
souligne le géologue, plus
particuligrement quand des
skieurs aguerris succombent
aux avalanches.

Il convient de retenir,
précise-+-il, qu’un déplacement
sécuritaire dans un site détecté
comme étant avalancheux
exige de se conformer 4
dont

une bonne

plusieurs paramétres
entre autres
connaissance de la trajectoire
de la piste empruntée combi-
née également 4 des notions

sur les dangers du lieu et éviter

toute attitude aventureuse. En

général, beaucoup de skieurs
déclenchent par inadvertance
Yavalanche qui finit par les
entrainer en cours de chemin.
La sécurité de la personne et
du groupe dépend en premier
sur la capacité de reconnaitre
les facteurs inhérents 4 chaque
site et & la maniére dont on
aborde les éléments en

question.

Il est en_ général
recommandé de partir en
groupe, de porter sur soi un
transmetteur afin de commu-

niquer, d’observer et éviter les

‘zones & risques en ayant

effectué au préalable des tests
sur le manteau neigeux grace
au baton de ski et l’étude des
tranchées. Les skieurs doivent
aussi traverser les endroits
potentiellement dangereux un
& un en_ respectant les
consignes de sécurité du leu.
En cas d’avalanche subite, il
est conseillé de se libérer de
son équipement tout en
essayant de s’accrocher ou de
se débattre en tentant de nager
et a l’arrét, il est conseillé de
porter une des mains sur le
visage et l’autre vers la surface.

En moins de vingt ans,
Ouest a connu plus 138 décés
dus & des avalanches : 38 % de
skieurs, 27 % d’alpinistes, 10 %
de motoneigistes. Les ama-
teurs de sports d’hiver sont
touchés de plein fouet selon les
statistiques du Federation of
Mountains Clubs of British
Columbia

La recrudescence ~de
victimes d’avalanches améne

le législateur, approché par

certains professionnels du

plein-air, & s’interroger sur la
possibilité d’intervenir pour
imposer des mesures coerci-
tives, surtout 4 deux semaines
du mois de février, période de
haut risque. On évoque aussi
application d’assurance indi-
viduelle pour contribuer & la

logistique en matiére de
sauvetage.
Les entreprises qui

travaillent dans |’équipement
de matériels sont aussi sur la
méme ligne de mire pour les
inciter, dirait-on, & maintenir
la fiabilité de leurs produits,
méme si jusqu’éA preuve du
sont
Elles

ambitionnent de maintenir et

contraire, elles ne

nullement en cause.

d’améliorer leurs produits et
ce, dans Jintérét et du
consommateur et de la
crédibilité de leurs marques.
En revanche, par-dessus tout, il
semble que la prise en compte
par les amateurs de |’impor-
tance et du respect des
consignes de sécurité jumelée &
une meilleure connaissance
des conditions d’avalanches
constituent plus que toute
autre chose la __ priorité
essentielle. A plus forte raison
quand il apparait qu’un
nombre croissant de décés
soient causés par des erreurs
humaines : faille énorme et
signe tangible que le travail de
sensibilisation doit se
poursuivre tant au niveau

individuel que collectif.

Le Centre canadien des
avalanches entend renverser la
tendance en mettant encore
davantage & la disposition du
public les instruments de
maitrise de l’environnement.

Mamapou GANGUE

Centre canadien des
avalanches

Site Internet : avalanche.ca

Information météo :

1 800 667-1105
Federation of Mountains
Clubs of British Columbia
(604) 131-3053