14 — Le Soleil de Colombie, vendredi § juillet 1983
II- Des criminels artistes et ingénieux
Suite de la p. 1
intéressants abondent, comme
ce prétre catholique améri-
cain qui ne passait ses faux
billets qu’a d'autres prétres ou
Emmanuel Ninger qui, a la
fin du siécle dernier, dessi-
nait (si¢) quelques billets par
mois, ce qui représentait un
tour de force incroyable. Ou
encore, ce Wilfred Fisher,
considéré comme l'un des
mattres de la contrefacon au
Canada, qui avait enregistré
sur cassette le procédé a suivre
pour faire des faux billets,
créant ainsi la premiére école
de contrefacon!
Et Gordon D. Rose qui
réussit a fabriquer de faux
billets alors qu'il était en
prison. Que penser aussi de ce
faussaire québécois qui a fa-
briqué il y a quelques années
10 000 $ de faux 25 cents, ce
qui lui rapportait, temps de
travail non inclus, un maigre
0,05 cent de profit par piéce?
Méme si, selon l’inspecteur
Paul Laurin du laboratoire de
la GRC, il y a beaucoup
d'incapables dans ce métier
(fautes d’orthographes, oublis
inexplicables, etc.), il n’en
reste pas moins que les faux-
monnayeurs sérieurs forment,
comme l’explique l’inspecteur
Piché, une catégorie a part de
criminels: artistes, bricoleurs,
intelligents, peu violents, etc.
Limprimeur est au coeur
de l’opération
Chez les faux-monnayeurs
aussi, il y a des amateurs et
des professionnels. Depuis
1962, 68 séries de faux billets
canadiens et plus de 1 100
séries de faux américains ont
été identifiées. Dix des séries
canadiennes étaient le fait de
professionnels, les autres sor-
taient des mains diartisans
amateurs.
Mais le danger vient surtout
des criminels professionnels.
«En général la contrefacon,
c'est du crime organisé, résu-
me l'inspecteur Paul Laurin,
méme si, _ potentiellement,
n'importe quel imprimeur
peut faire un faux billet. .»
Risques financiers
énormes
En effet, a cause de l’ou-
tillage nécessaire (la «planche
a billets»), la mise de fonds
représente facilement de
50 000 $ a 100 000 §$, ce qui
n'est pas a la portée du
premier criminel venu. Les
risques financiers sont d’au-
tant plus grands que, si la
police remonte la filiére jus-
qu’a l'imprimerie, le maté-
riel qui a servi a fabriquer la
fausse monnaie est automa-
tiquement saisi. I] faut égale-
ment des compétences plu-
tét rares: les meilleurs gra-
veurs du Canada, une dizaine
de mnes, sont connus et
travaillent déja pratiquement
tous pour la Banque du
Canada. Mais cela fait long-
temps que Montréal est un
milieu d'imprimeurs et ‘de
faux-monnayeurs. «L’école est
a Montréal», résume I’inspec-
teur Piché.
Le premier probléme des
faux-monnayeurs est de se
procurer du papier. Le pa-
pier-monnaie utilisé par la
de \) El 0 0 E> 0 ~ ( 0
Banque du Canada ne con-
tient pas de papier.
Fabriqué a Beauharnois,
composé a 75% de coton et a
25% de lin et de produits
chimiques, les secrets de sa
fabrication sont bien gardés,
et jamais un faux-monnayeur
n’a été capable de le reprodui-
re de facon satisfaisante. Dans
le cas des billets américains,
qui ont tous le méme format,
le faux-monnayeur peut uti-
liser des billets authentiques,
blanchir le papier, et impri-
mer dessus une valeur supé-
rieure.
Lorsqu’ils ne peuvent pas se
procurer le papier authenti-
que, les faux-monnayeurs se
fournissent dans les papete-
ries. Certains essaient de re-
produire le filigrane, ce qui
est pratiquement impossible,
ou d’en donner T'illusion en
l'imprimant simplement,
d’autres le négligent complé-
tement.
Le papier prét, il faut im-
primer. La typographie, im-
pression réalisée a partir de
plaques et motifs en relief, a
tenu un temps la téte des
méthodes de contrefacon.
Mais depuis plusieurs an-
nées, la photogravure et le
procédé d'impression offset
l’ont largement dépassée.
La photogravure permet en
effet la reproduction parfaite
du billet authentique, sans ~
risque d’erreurs liées a la
maladresse du faussaire. Héri-
tier de la lithographie, ce
procédé est devenu courant
dans les années cinquante et
représente aujourd'hui 99,5%
des cas de contrefacon.
On peut ainsi reproduire la
photographie d’un billet de
banque sur une plaque métal-
lique traitée chimiquement et
dont on se sert ensuite pour
imprimer des répliques de ce
billet. .
Une fois les billets impri-
més, il faut les numéroter,
autre source de problémes
pour les faux-monnayeurs, et
les mettre en circulation.
C'est a ce stade que les
professionnels se démarquent
des amateurs. Il faut une
certaine organisation pour
écouler la fausse monnaie. Un
intermédiaire achéte les billets
du faux-monnayeur et fournit
les passeurs, qui travaillent
généralement en équipes de
deux.
L’un écoule l’argent et re-
joint ensuite son complice qui
le réapprovisionne, gardant
Bi li ee rae PSS ea een Re
nuer les risques.
Naturellement, le prix payé :
pour un faux billet augmente
a mesure que l’on descend
dans la filiére. &
En somme, si les policiers
attrapent un passeur qui a
payé plus de 20% pour un
billet, ils savent qu’ils sont loin
de la source.
Remonter la filiére
Parmi le personnel de la
GRC, une quarantaine de
personnes se sont spéciali-
sées dans l'étude des faux-
monnayeurs, et Montréal
compte la seule brigade qui
s'occupe de contrefacon au
Canada.
Deux billets ont récemment
causé des ravages, selon Paul
) () <> () <0)
Laurin du laboratoire mon-
tréalais de la GRC: un billet
de cent dollars copiant 1’émis-
sion de 1954 et un billet de
cinquante dollars émis en
1973 (toujours d’aprés l’émis-
sion de 1954), dont la qualité
d'impression est demeurée lé-
gendaire et qu'on a retrouvé
un peu partout dans le
monde. Sauf quelques pas-
seurs, personne n’a été arrété
jusqu ici. ;
Supprimer le mal
a la source
Ce qui est le plus impor-
tant, c’est de supprimer le mal
a la source. Pour ce faire, les
enquéteurs font face a plu-
sieurs difficultés. Contraire-
ment aux autres crimes oi il y
a des motifs, des traces, dans
le cas des faux-monnayeurs il
n'y a que le besoin d'argent.
En plus, cela peut demander
des années aux enquéteurs
pour remonter la filiére jus-
qu’aux faux-monnayeurs.
Depuis un certain temps,
on peut entrer les numéros de
série de tous les faux billets
repérés au Canada dans un
ordinateur du Centre d’infor-
mation de la police cana-
dienne (CIPC) a Ottawa.
La GRC fait également un
travail d'information et de
prévention: conférences régu-
liéres sur le sujet, cours d’en-
quéte sur la contrefacon, don-
Diplomés
de
Mc Gill
~ Cing Franco-
Colombiens
Cinq Franco-Colombiens
sont parmi les 49 étudiants de
la Colombie Britannique
qui ont recu leurs diplémes de
- Université McGill de Mont-
réal. Ce. sont:
Vancouver
Mlle Martine Madeleine Band
Bac en Arts
Ms Hélene Cantin Bac en
Sciences-Agricoles
Mlle Hélene Chartier Bac en
Arts :
Burnaby
Ms Nicole Calestagne Bac
en Education
M André Levesque: Bac en
Sciences-Agricoles
1 TOU
IEN!
nés au Collége canadien de la
police, publication des Bulle-
tins de la contrefagon, etc.
Il faut bien réaliser que le
but des faussaires n’est pas de
tromper les banques et encore
moins la Banque du Canada.
Ils savent fort bien que leurs
billets ne résisteront pas 4 un
examen attentif. Ils visent
plus simplement a tromper le
grand public.
La lutte contre les faux-
monnayeurs ne concerne pas
seulement les agents de la
GRC et des autres corps poli-
ciers. Ainsi, le service de
sécurité de l’Association des
banquiers canadiens a mis sur
pied des séminaires sur les
méthodes de détection des
faux billets, aussi bien cana-
diens qu’américains.
Le public
doit étre éduqué
Ces séminaires sont organi-
sés dans tout le pays par les
conseils régionaux de |’Institut
des banquiers canadiens.
Néanmoins,- l'éducation du
public reste a faire.
Malgré la perte économi-
que qu'ils causent, le grand
public a.en effet de la diffi-
culté a considérer les faux-
monnayeurs comme des cri-
minels. j
Les gens inclinent a les
considérer comme des artistes,
a leur porter une certaine
sympathie. Pourtant, la plu-
part des faux-monnayeurs
s'adonnent a d’autres activités
criminelles. «Ils touchent a
tout», précise le caporal Abel
quia 10 années d’expérience
dans le domaine.
Résumant le probléme,
Jean Népote, secrétaire géné-
ral d’Interpol, déclarait en
juillet 1955, lors du salon in-
ternational des faux: «N’est-
il pas ridicule que les faux-
monnayeurs exercent une telle
fascination et soient considé-
rés comme de bons farceurs,
alors qu’en réalité ils ne sont
que des criminels comme les
autres?».
C'est. aussi l’opinion des
gouvernements, qui prennent
ce crime trés au sérieux. Selon
les lois canadiennes en vi-
gueur, qui remontent au dé-
but du siécle, toute personne
qui fabrique, recéle, refile de
la fausse monnaie ou qui fal-
sifie des piéces d’or et d’ar-
gent en cours, peut étre
condamnée a un maximum de
14 ans de prison.
De plus, alors que certains
pays comme la Belgique tole-
rent des imitations de leurs
billets a des fins publicitai-
res ou autres, mais a des
conditions trés sévéres, le
Canada interdit toute repro-
duction de ses billets. _
Illégaux donc les petits
porte-clefs miniatures et illé-
gale également la reproduc-
tion dans le cadre de cet
article d’un authentique billet
canadien.
Les techniques artisanales
vont continuer de cohabiter
avec les plus modernes, et la
fabrication de fausses mon-
naies sera toujours un pro-
bleme.
Actuellement, la GRC gar-
de un étroit contact avec les
fabriquants de photocopieurs
38M ou Xérox qui reprodui-
sent des documents en cou-
leurs. On comprend pour-
quoi! ;
Les résultats sont encore
imparfaits, mais il s’amélio-
rent sans cesse. La Gen-
darmerie royale ne veut pas
prendre de retard sur le
progrés et se prépare au jour
ou les faussaires vont rat-
traper l’écart technologique
qui, depuis 1969, les sépare de
la Banque du Canada. Fin
Courir pour courir...
Un coureur de Victoria,
bronzé et endurci, est arrivé a
Ottawa mercredi 29 juin
aprés étre parti, a pied, de
Winnipeg, a 2400 km de 1a.
L’athlete, un
macon au chémage, a quitté
Winnipeg le 31 mai aprés
avoir couru le marathon de
Manitoba, parcourant en
moyenne 80 km par jour, soit
presque le double de la dis-
tance officielle du marathon
(42km). Le premier jour, il
courut 200 km et tout au long
de son trajet, se soutint en
ingurgitant de 12 a 18 biéres
quotidiennes. _ , ;
L’exploit a été
accompli en solitaire, sans
vehicule d’accompagnement,
en guise de préparation pour
une course ininterrompue de
24 heures qui a eu lieu il y a 15
jours a Ottawa. Al Howe,
notre coureur, l’a emporté,
comme l'année précédente, en
courant 240 km sur une piste
longue de 400 m.
Organisez vos voyages
en frangais
Appelez Anne-Marie
au
386-7574
VAN Marlin
wy Travel
Harbour Square
910 Government St.
Victoria, BC V8W 1X3
: Pour réserver
communiquez avec votre
agent de voyages ou
VIA au 112-800-361-6180.
‘ *Les départs ne peuvent
étre effectués le vendredi.
D’autres conditions
pourraient étre
applicables.
eta,
—_ *e
8 ACTA ¢
moms
*,
rons *°
FE. de trains
Le service
quotidien
inter-ville de VIA
vous offre des tarifs
avantageux, le confort
des voitures coach avec
leurs fauteuils réglables et
un service complet de
collation et de rafraichissement
en route. Et le ‘‘Canadien”’ vous
entraine en plein jour au coeur
des Rocheuses.
Aller-retour Aller-retour
régulier 2&7 jours*
Vancouver a Calgary 108$ 81$
VOYAGEZ BIEN. PRENEZ LE TRAIN.