‘que par VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 18 novembre 1988 - 17 Suite de la semaine derniére Par Jean-Claude Boyer — Plus tard, apres avoir traversé lelong pont étroit, je demande a une jeune femme ou se trouve l’auberge catholique. «Sorry.» Ellene comprend pas. J’écris le mot «Catholic». Elle sourit, fait un signe de croix et m’indique l’'auberge du doigt. J’ai t6t fait d’y étre. Tout est silencieux. Un paysage de réve s’offre a la vue. Je fais la connaissance d’un Anglais et de deux soeurs jumelles danoises, tous trois professeurs d’anglais a Tokyo. Le grand Britannique me fait faire la tournée des lieux en l’absence du responsable. Dans une salle ol. sont exposées une superbe collection de papillons et une variété de serpents (dont un complétement blanc) con- servés dans des pots, il me prend en photo, avec mon appareil, tenant en mains deux grands papillons aux teintes brunes savamment nuancées. Je metoue finalement un lit (2$) dans un dortoir austére. Nous soupons ensemble, tous les quatre. Seuls le riz et la biére sont bon marché. Mes compa- gnons ne ménagent pas la société japonaise: «Elle ne vit que pour travailler, sans spontanéité aucune... L‘homme est libre, lafemme esclave... Il est impossible d’établir une amitié véritable avec’ un Japonais...» Je tombe vite dans le sommeil, ce soir-la, entouré d’une vingtaine de lits vides. Le lendemain, au réveil, je tente de psychanalyser un réve absurde qui vient de s'interrom- pre, réve impliquant une de mes soeurs, une bonne amie de ma mere et un évéque! Je m’y perds vite. En sortant de |’auberge, j'apergois Wei Fu-Jan, mon ‘étudiant’ d’hier, qui vient moffrir un sac de péches- pommes et un café (1,50$!) dans un restaurant. Je vais ensuite attendre le prochain bus pour Lishan et Taichung. Deux jeunes gens miadressent la parole, visiblement heureux de pouvoir... pratiquer leur an- glais. Je finis par leur faire chanter leur hymne national, impriméen chinois et en anglais avec lamusique al’endos de ma carte de Taipei. Jeme retrouve bientét dans un bus climatisé en compagnie d’une jolie résidente de Tai- chung, professeur d’anglais. Les quelque six heures de trajet s’annoncent fort agréables. Ma compagne se dit chrétienne, amante de littérature et de beaux-arts. Je ne suis distrait les précipices et l’extraordinaire beauté des paysages alpestres. La route serpente, monte, descend, contourne, suit les caprices de lanature sauvage. Une ferme en terrasse apparait, ici et la, isolée dans les vastes foréts de pins. Le bus s’arréte quelque temps a Lishan (un restaurant offre au, menu, parait-il, du phallus de boeuf dans une Récit d’un tour du monde Un séjour» « Made in Taiwan » sauce brune et des intestins de porc frits!), puis repart a l’assaut de la route sinueuse. Des vergers défilent: pom- miers, poiriers, abricotiers, pruniers. De nombreuses bran- ches reposent sur des échalas qui soutiennent l’abondance de leurs fruits. «Pour protéger les branches contre les vers», explique ma compagne, «on leur attache souvent du papier ou du tissu.» Tiens, des vignes. Egalement, des péchers, des bananiers. Ma belle chinoise moffre fruits et biscuits. Je croque et mords sans ma lasser d’admirer les panoramas acci- dentés et verdoyants. Aprés une petite sieste salutaire, mon amie raconte un fait peu banal (sans doute légendaire) qui a présidé a la fondation du temple Wufeng, a Chiaya, sa ville natale - ol je me rendrai cet aprés-midi: © «Autrefois, les gens des montagnes coupaient la téte d'un humain chaque année pour honorer Dieu. Wufeng, un brave paysan qui consacra sa vie au bien-étre de ces gens, réussit a faire accepter de couper /a téte d'un cadavre... Une année, ces gens simples n’ayant pas de cadavre a décapiter, i! déclara: «Ce soir, vous verrez passer quelqu'un a cheval, coiffé d’un chapeau rouge. Coupez-lui la téte.» On attendit donc le mystérieux cavalier, qui eut bientét la téte tranchée. C’était lui, Wufeng. On abolit aussitét cette coutume barbare. Et Wufeng est honoré depuis comme un grand héros...» Nous arrivons déja a Taichung, ou ma charmante compagne doit me. faire ses adieux. Je prends maintenant le train pour Chiayi. (On poingonne encore les tickets avant l’accés aux quais, qui ne me rappellent en rien ceux de |’Inde.) Cet autre trajet, en bref: hdtesses, confort, propreté; agriculture florissante, riziéres, papayers; instruments aratoires modernes et... paires de boeufs! Parvenu a la gare de Chiayi, je me rends compte que je n’aurai pas assez d’argent pour passer le week-- end. Je décide de vendre mon réveil-matin (fabriqué au Japon et acheté pour 14$ en Egypte!), dont jen’ai plus besoin, m’étant procuré une montre-réveil a Hong Kong. J’en parle au préposé aux renseignements. I m’en offre 12$. Vendu. De fil en aiguille, je me retrouve dans un vieux train rouge, «grincant» sur voies étroites, pour entreprendre une ascension de 72 km vers le sommet du mont Alishan -.d’ou jiirai contempler le lever du soleil. (Les Japonais ont inauguré ce chemin de fer en 1912 pour l’exploitation fores- tiére.) Les passagers ont lair amicaux, mais personne ne parle l’anglais. Je n’ai donc d’yeux que pour lanature. Quels paysages! Foréts tropicales et sous-iropicales (vergers de taine de tunnels, litchis), hautes montagnes escarpées, vallées profondes, multitude de cyprés perchées a 2300 m (7460pi.). Quelle expérience que cette escalade en train démodé! Une cinquan- plus de quatre-vingt ponts, trois «mon- tagnes russes». Inoubliable! Le vieux train s’arréte au pied d’un «arbre sacré» qui aurait plus de deux mille ans. Je prends un bus, et me voila bient6t &€ me promener dans Alishan, grand village touristi- que, en quéte d’un lit. L’auberge qui m’a été recommandée affiche complet. Sachant que beaucoup de jeunes ont une certaine connaissance de |’an- glais, je m’adresse a |’un d’eux, qui me répond par écrit! J’entreprends d’autres démar- ches. C’est complet partout. Je fais cependant la connaissance d’un jeune couple allemand qui, voyant mon embarras, m’invite a partager leur chambre... dans un presbytére. (Nous nous donnons rendez-vous 4 telle heure, a tel restaurant.) L’esprit en paix, je vais. maintenant fouiner dans des étalages de cartes postales ol je déniche une série de superbes photos Nikon: soleil triomphal sur une mer de nuages bleutés. Je suis au rendez-vous une heure a V'avance pour mettre mon journal ajour, apartir dela page 675. L’idée me vient ensuite de terminer ce quatrieme cahier avec le récit de mon premier ‘grand’ voyage (1956) - mouve- menté a souhait. ; La soirée se termine par un repas tardif en compagnie du couple secourable, qui seplait a me décrire les magnifiques collections de papillons et de serpents du musée local. Puis vient «linstallation du ménage a trois» dans la chambre du presbytére moderne. Le réveil- matin est déja réglé pour... 3h00. On m’invite a partager le grand lit double. I! n’en est pas question. La fatigue aidant, je dormirai sans doute mieux sur le plancher. J’accepte tout de méme de m’allonger prés de la jeune femme pour les besoins d’une photo-rigolade. Fou rire. Ledéclencheur automatique est actionné. Et hop!, dans le lit. Clic! Suite la semaine prochaine 35 000 mots de la langue francaise 11 000 noms propres Mini-atlas: 54 cartes couleurs originales 108 pages de tableaux chronologiques et synoptiques En vente au 2e S UN NOUVEAU DICTIONNAIRE 16 Bai POUR UNE NOUVELLE | 5 trouve! 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