ee. Z.. BICYCLETTES ET VIEUX MOULINS iia Roget’ Dufrane k A Vancouver, la bicyclette devient un sport 4 la mode. Alors que voila vingt ans les adultes dédaigneux ne la considéraient que comme un jouet pour leurs enfants, at- jourd’hui ils s’en emparent ; et la petite reine sillonne comme une hirondelle tou- tes les rues et avenues de quartier. Elle sefait plus co-. - quette aussi. Au début, les vélos canadiens rappelaient- les lourdes bécanes hollan- daises. Aujourd’hui, des bi- cyclettes légéres, les plus jolies d’origine francaise, aux fines articulations, aux complexes changements de ~ vitesse, aux guidons bas, fi-. lent partout & tire-d’aile. Cela m/’incline 4 d’agréa- bles souvenirs. [1 fut un temps ot je raffolais de ce sport. Ainsi, j’ai parcouru 4 vélo les pistes cyclables des Pays-Bas, de la Belgi- que, de la France. A IJ’in-. verse des champions de la. pédale, j’ai fait Bruxelles-: Paris en trois étapes ; et: je me rappelle avec atten-' drissement mes courbatu- res et boiteries aux appro- ches du but. La Tour Eiffel,. vue des hauteurs du Bourget, semblait se reculer tou- jours, et, légére et nar-! quoise, danser dans le ciel. La bicyclette donne la clé du pays neuf. Grace 4elle,' notre décor familier, celui ot nous habitons, prend une. autre figure. Je savais Van- couver une ville A boutiques: minuscules et bariolées, pa- reilles A de petites boftes' pleines de légumes et de’ bric-a-brac. Je connaissais: 4), ; Fp. WIG PASH MOT oS V2" : aussi le Vancouver du cen- tre, avec ses gratte-ciels empilés comme des jeux de. cubes. Et le Vancouver des, automobilistes : larges ave- nues jalonnées de garages, ou. bien montagnes toison- nées d’arbres. Le Vancouver des cyclistes est un pays de collines et qu’ il faut savourer comme on savoure une tarte aux fram- boises, par: portions. Il vous: gratifie de charmantes sur-- prises. Choisissez un quar- tier de la ville, par exemple celui qui sommeille, vers: les huit heures du soir, entre les rues McDonald et Arbu- tus, la seiziéme avenue et celle du Prince Edouard. Que: l’air sent bonentre les rangs d’arbres ! Tout vous appar- tient. Le paysage n’est plus intercepté par la vitre ou coupé par la toiture de I’au- g 2 ay 4 ; y Ny ang | LV OO TORN f &,") Ma} to. On se trempe avec vo-. lupté dans la belle nature. On monte, vire ; et chaque coup de pédale vous conquiert de nouvelles images. Il semble que par notre effort muscu- laire nous nous créions un monde tout neuf. Il m’est donné, ce jardin de roses en- ‘trevu dans un éclair. Elle m’est offerte, cette jolie femme, qui, en claquant la portiére de sa Cadillac, me sourit au passage ; et cette plaine verte of le Petit Pou- cet et ses fréres, de casquettes jaunes 4 lon- gues pennes courent et frap- pent de la batte sur une. ‘balle dure. ' Me voici aux portes des plantureux jardins de Shaughnessy. Les villas aux ‘couleurs éteintes s’enfant6- ment dans les massifs. Tra- on descend, on’ coiffés: verserai-je la voie du che- min de fer pour m’enfoncer dans ce pays sombre ? Non. Un long convoi débouche et trottine en mugissant et fer- raillant pour me fermer le passage.Rentrons chez nous. La-bas, du cdté de 1l’Univer- sité, un long foulard orange se déroule et inscrit dans le ciel mauve une promesse de beau temps. Des gens papotent sur le seuil des ‘bungalows ; et leurs propos confidentiels prennent cette résonance mystérieuse des voix nocturnes. C’est l’heure des souvenirs. Et voici que brusquement, alors que je redescends en roue libre, une belle image - se rallume dans ma mémoi-' re. C’étaiten France au mois de juin. Je m’étais engagé, au crépuscule, dans la fo- rét de Compiégne. Les roues de mon vélo écrasaient les brindilles. Tout A coup, au déboulé des grands chénes, je suis tombé sur un petit village gris et harmonieux. Il y fleurait bon la résine. Des gens aussi causaient sur le pas des portes. Plus loin, une jeune fille aux grands yeux noirs, tenant par la main sa petite soeur, fredonnait: . Nous n’irons plus au bois Les lauriers sont coupés... Nous gardons tous en nous quelque regret de ne pas}. nous @étre arrété, certain soir, A un détour de la vie. Je déplore souvent de n’avoir “pas mis pied 4 terre en ce hameau de Vieux-Moulin. TELEVISION Comme tous les samedis 4 la chafne francaise de Radio- Canada, voici réunis tous les Tremblay, personnages du populaire téléroman de Janette et Jean Lajeunesse ‘‘ Quelle. famille!’? Vous reconnaissez les intérprétes Joanne Verne, Isabelle Lajeunesse, Ghisla Martin Lajeunesse ainsi que le péreetlamére du téléroman et de la famille, Jean Lajeu Lajeunesse. ine Paradis, Robert Toupiod nesse et Jeannette Bertrand- XII, LE SOLEIL, 18 AOUT 1972